Avec ce roman, Olivia Kiernan propose la seconde enquête (Irrespirable – Hugo Thriller, 2018) de son héroïne la commissaire Frankie Sheehan. Celle-ci dirige le bureau central, à Dublin, d’une structure constituée il y a trois ans, pour s’occuper des affaires compliquées. Jack Clancy supervise le bureau en tant que directeur adjoint de la police. (Le nom de ce personnage a-t-il été choisi en hommage ?)
L’intrigue s’articule entre la situation actuelle, les investigations sur un double meurtre commis à quelques jours d’intervalle, et qui sera suivi par un troisième, et la recherche sur deux assassinats perpétrés il y a dix-sept ans.
Tanya West, la belle-sœur de la commissaire Frankie Sheehan, a invité celle-ci à rencontrer Sean Hennessy. En tant qu’avocate, elle participe à l’association La justice en question qui se penche sur le cas de Sean. Accusé du meurtre de ses parents, d’avoir tenté de tuer sa sœur, il a fait quinze ans de prison. Il a toujours dit qu’il était innocent. Il vient de sortir et un documentaire pour la télévision est cours d’élaboration. Tanya a besoin de l’expertise de Frankie sur ce dossier. Elle accepte du bout des lèvres quand un appel téléphonique est le bienvenu.
Jack Clancy, le directeur adjoint lui demande de se rendre à l’église Sainte-Catherine de Clontarf où deux cadavres viennent d’être découverts. Un homme, portant un costume de prêtre, tient dans sa main un couteau ensanglanté. À côté, sur le ventre, une femme égorgée, porte de nombreuses plaies dans le dos. D’après les apparences, l’homme est mort depuis plusieurs jours, alors que la femme a été tuée sur les lieux, son égorgement provoquant un jet de sang sur une rangée de prie-Dieu.
Les cadavres sont vite identifiés. Il s’agit d’un couple. Qui en voulait à ces deux personnes ? Pourquoi une telle mise en scène ? Ce meurtre, dans une région relativement calme, coïncide avec la sortie de prison de Sean. Frankie comprend qu’elle doit remonter dans le passé pour élucider cette affaire. Mais…
La romancière fait le choix d’une narration à la première personne, passant tout le récit par le filtre de Frankie. Ceci lui autorise un développement des procédures policières auxquelles un enquêteur doit se plier et de suivre le cheminement des réflexions, des interrogations, des doutes, des fausses pistes qui semblent pourtant si prometteuses, des déboires, des déceptions.
Autour de l’héroïne, gravitent une belle galerie de protagonistes aux portraits si proches de la réalité. La psychologie de chacun d’eux est pesée, pensée, approfondie et adaptée pour donner le sentiment de ne plus être dans une fiction.
L’histoire s’appuie sur des éléments qui trouvent leur place selon une belle logique avec un rythme soutenu.
L’Irlande en toile de fond avec ses paysages, ses usages, le mode de vie de ses habitants donne un relief particulier à l’enquête. Avec ce nouveau roman, Olivia Kiernan propose un récit captivant.
On se laisse prendre à suivre avec intérêt les diverses péripéties jusqu’à une chute qui se devine difficilement.
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serge perraud
Olivia Kiernan, Les liens du sang (The Killer In Me), traduit de l’anglais par Vincent Guilluy, Hugo Poche, coll. “Suspense” n°256, novembre 2020, 464 p. – 7,60 €.