Présentée souvent comme la nouvelle diva du Jazz, Mélodie Gardot n’en n’est qu’un ersatz. Certes, nul ne peut contester la qualité de sa voix.
Mais elle est au service — et plus particulièrement dans cet album - d’une confiserie même lorsqu’elle inflige un relooking musical à certains standards.
Tout reste sirupeux et fluctue dans un matelas de turbulences atténuées et aseptisées. La diaphanéité est une mince pellicule. Elle ne rend en rien sensible le magnétisme qui fit un temps le piment de l’égérie jazzy. L’album possède toutefois de quoi plaire à un très large publique intoxiqué de musique plus ou moins « ambient ».
Tout est calibré, doux, petit braquet sous des nappes de violons.
Il n’existe pas la moindre prise de risque. L’auditeur n’est jamais décontenancé puisqu’il reste en territoires conquis. Ce produit marketing est le type même de l’album anecdotique. La musique, mélodique à souhait, demeure d’une sensualité convenue loin de toutes herbes folies ou audaces afin de trousser ou d’illustrer l’idée majeure que les histoires d’amour finissent mal en général.
Pas de quoi en faire un fromage. Fallait-il en faire une galette ? C’est discutable
Le smooth jazz a donc trouvé sa nouvelle version Mais nous demeurons bien en-deçà d’une Sade ou de Lisa Kendall. C’est dire si Melody Gardot est fort éloignée des grandes heures du jazz. Billie Holiday doit se retourner dans sa tombe en goûtant de telles confiseries.
La blonde purpurine rôde autour du jazz pour le faire perdurer dans une version commerciale.
écouter un extrait
jean-paul gavard-perret
Melody Gardot, Sunset in the Blue, Decca, 2021.