Violence et beauté près du bleu de la mer
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort. Ils grandissent dans un quartier misérable de Palerme, parmi les parfums de la mer, le marché aux balances truquées et les venelles tortueuses où la police n’ose pas s’aventurer.
Le soir, Cristofaro pleure sous les coups paternels, Mimmo cherche à voir Celeste qui fait le pied de grue sur le balcon tandis que sa mère reçoit des hommes.
Les trois vivent dans le monde de la violence “et le caprice de Dieu”, prisonniers d’un rêve propre à tous les gamins du Borgo : avoir comme père Totò, voleur insaisissable, héros du lieu et qui possède un pistolet.
Pour Mimmo, le posséder permettrait de sauver Cristofaro d’une mort certaine car la foudre peut s’abattre sans préavis même si, en dette de lui-même, il ne semble pas avoir peur de mourir.
Ce roman du regard mêle violence et beauté, rage et tendresse, près du bleu de la mer et dans les grumeaux du quartier aux seuils de tolérance des plus souples. Seule l’amitié entre ces trois solitaires peut mettre fin à la tyrannie qui gâche leurs vies.
Le sujet est fort et c’est une construction déterminante pour comprendre de telles existences.
Son régime de perception évite tout strabisme mais renouvelle le roman porteur ici de regard divergent.
jean-paul gavard-perret
Giosuè Calaciura, Borgo Vecchio, trad. de l’italien par Lise Chapuis, Gallimard, collection Folio, parution le 7 janvier 2021, 160 p.