Celle qui a renoncé à être comprise : entretien avec Marie-Odile Lambert Gertenbach

L’oeuvre de Marie-Odile Lam­bert Ger­ten­bach sur­prend par la vigueur de son inter­ro­ga­tion créa­trice. Elle se nour­rit de la volonté pro­pre­ment poé­tique de l’artiste d’enrichir et de dépas­ser les formes défi­nies par des lignes au pro­fit d’un for­ma­tage par la cou­leur.
Celle-ci devient pos­si­bi­lité de la figure. Entre sen­sua­lité pure, phé­no­mé­no­lo­gique, et un deve­nir de nature enté­lé­chique, oeu­vrant dans une sorte de dis­so­lu­tion chro­ma­tique, la pein­ture exprime un deve­nir tou­jours en train de se faire, et qui déborde toute matière visible, vivable ou vécue.

Mais, loin de lais­ser dis­pa­raître la matière, la créa­trice la fait bien res­sor­tir par ses agen­ce­ments. Ils deviennent autant d’unités ouvertes que fer­mées. Existe une forme d’illimité et d’intimité sans arrêtes, bords, cloi­sons au sein d’une dia­lec­tique de la lumière entre un espace interne et un espace externe.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière du jour et le petit-déjeuner.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’en ai gardé les interrogations.

A quoi avez-vous renoncé ?
A être comprise.

D’où venez-vous ?
D’Epinal.

Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
L’enthousiasme.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Mon­ter dans mon atelier.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je ne sais pas.

Quelle par l’abstraction pos­sède dans votre oeuvre ?
Aller vers le dépouille­ment en renon­çant au savoir-faire.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La cou­leur du ciel.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Frison-Roche je crois .

Quelles musiques écoutez-vous ?
Bach mais je suis récep­tive à la musique en général.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Fra Ange­lico” de Didi-Huberman et Henri Matisse, “Ecrits et pro­pos sur l’art”.

Quel film vous fait pleu­rer ?
“La vie est belle” de Roberto Begnini.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une femme sincère.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Florence

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Léo­nard de Vinci, Fra Angelico,Claude Gellée,Monet,Robert Ryman.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un carré de mous­se­line rose.

Que défendez-vous ?
L’épanouissement.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Amusante.

Que pensez-vous de celle de Via­latte “L’homme n’est que pous­sière, c’est dire l’importance du plu­meau” ?
Très intéressante.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Doit-on dif­fé­ren­cier le tra­vail d’une femme artiste de celui d’un homme artiste ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 30 novembre 2020.

1 Comment

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One Response to Celle qui a renoncé à être comprise : entretien avec Marie-Odile Lambert Gertenbach

  1. Villeneuve

    Marie-Odile renonce à être com­prise ? Mais elle ignore le der­nier texte du fin limier JPGP et mon soro­ral com­men­taire . Faut savoir aussi cueillir nos humbles mais per­ti­nents lauriers …

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