Alors que nous subissons actuellement un deuxième confinement après que le Président de la République, Emmanuel Macron, a spécifié, dans sa dernière allocution en date du 28 octobre 2020, qu’une deuxième vague de contamination par le COVID-19 déferlerait sur la France, en entraînant des milliers de morts, et tandis que le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ordonne aux forces de l’ordre de multiplier les contrôles et d’en renforcer la sévérité, un film documentaire à charge contre la politique menée par le gouvernement français depuis le début de la crise sanitaire est disponible en ligne, gratuitement, depuis le 11 novembre 2020.
Réalisé par Pierre Barnérias, Nicolas Réoutsky et Christophe Cossé et financé par des citoyens, Hold-Up est aujourd’hui la cible d’une fronde médiatique et politique qui semble tenir davantage de la campagne de dénigrement que du débat, ou du démenti réfléchi, sur les arguments et les sujets qui y sont exposés.
Il est vrai que ce film comporte de nombreuses maladresses, autant sur la forme que sur le fond. La réalisation paraît amateure : l’écriture est sensiblement subjective et passionnée ; le déroulé du sujet est souvent confus ; l’usage d’une bande musicale dramatique gêne la crédibilité du propos en ce qu’elle n’est psychologiquement pas neutre sur le spectateur ; les gros plans émotionnels trop nombreux ; et enfin la mise en scène allie à la fois les codes du genre, avec des entrevues sur fond noir ou la diffusion de documents écrits surlignés, mais également de techniques issues de vidéastes Internet avec des inclusions de texte, un réalisateur qui s’adresse à son spectateur et lui livre ses émotions et sentiments, ou encore un virus anthropomorphisé avec un graphisme enfantin, lequel sert par ailleurs d’émoticône à un moment.
De même, le fond du film comprend des erreurs dommageables notamment sur la dispersion de son sujet ; l’absence totale de mise en perspective contradictoire ; des liens de cause à effets un peu hâtifs, voire simplistes ; quelques incohérences également disséminées ; et bien sûr le choix des intervenants qui va de l’expert reconnu dans son domaine au citoyen lambda, en passant par le spécialiste autoproclamé ou encore l’altermondialiste illuminé par quelques découvertes spirituelles.
Notons toutefois que ces erreurs de casting, quant à la qualité de l’individu, qui permettent d’alimenter la critique des détracteurs de ce film, n’est qu’une évaluation subjective et superficielle, en rapport avec nos standards sociaux, indépendamment des propos qu’ils tiennent.
Pour autant, il faudra reconnaître que l’intervention de certains personnages, que le commun des mortels qualifiera volontiers d’hurluberlus, n’apporte non seulement aucune plus-value, mais dessert de surcroît la crédibilité du film et aggrave le sentiment de hors-sujet.
Nous pensons en particulier à la focalisation sur Florian Gomet, les discours des conducteurs de taxi (qui auraient pu être intéressants dans le cadre d’un micro-trottoir — or ce n’est pas le cas ici), la “profileuse” Nadine Touzeau au générique qui ne fait qu’émettre des jugements de valeur gratuits et enfin, le pire : l’anonyme agent de renseignement gouvernemental, dont le titre même tient du polar et dont le discours est extrêmement fâcheux car approximatif, subjectif et non étayé.
Les critiques faites sur ce film par les journalistes portent également sur le parcours professionnel de la plupart de ces intervenants, puisque qu’ils ne font pas l’unanimité au sein de leur discipline voire, ont même été démis de leur fonction pour certains. Cela dit, que leurs travaux ne remportent pas l’adhésion de leurs pairs n’implique pas automatiquement que ceux-ci soient erronés ! En ne prenant que ce seul exemple, il aura fallu des années avant qu’Einstein reconnaisse la réalité de la physique quantique.
Le monde de la science ne peut pas être figé, les scientifiques le savent : le savoir évolue en permanence, quelle que soit la discipline. À ce titre, les propos de Miguel Barthéléry, docteur en médecine moléculaire, à la fin du film, sont édifiants et réalistes : si les scientifiques sont incapables de remettre leur savoir en question et de douter de ce qu’ils savent, alors ils ne sont que des scientistes et leur savoir n’est qu’une simple croyance parmi d’autres.
De même, que monsieur Philippe Douste-Blazy déclare se « désolidariser » entièrement du film après sa publication et retourne ainsi sa veste dans le sens du vent n’est pas un argument valable pour contredire le bien-fondé du film ; de la part d’un politicien, le contraire aurait été étonnant, car il faut en effet du courage et de l’intégrité pour assumer ses prises de position et appeler à la sérénité et la réflexion face à une telle curée journalistique.
Enfin, au-delà du fait que le film, constatant les contradictions et les défaillances de notre gouvernement, suggère l’hypothèse très discutable et par trop simpliste d’une immense opération de manipulation consciente opérée par les puissants du monde, il faut rappeler que les mots employés et les sujets abordés ne sont toutefois pas de pures inventions.
La « guerre des classes » évoquée par la sociologue Monique Pinçon-Charlot a été pleinement revendiquée par le milliardaire Warren Buffet en 2005 sur CNN : « There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning. »[1]
Le « Great Reset » ou la « Grande Réinitialisation » n’est pas davantage un terme sorti du chapeau des réalisateurs, mais est le fruit de l’invention de monsieur Klaus Schwab, fondateur du Forum Economique Mondial réunissant, à Davos, des dirigeants de grandes entreprise, des politiciens, intellectuels et autres journalistes : « Le Covid-19 a accéléré notre transition vers l’ère de la quatrième révolution industrielle, a ajouté le chef d’orchestre de Davos qui revendique la paternité de cette expression »[2]. Enfin encore, les mouvements transhumanistes existent également depuis de nombreuses décennies, et plus particulièrement l’ONGI Humanity+, anciennement nommée la World Transhumanist Association, fondée par Nick Bostrom et David Pearce en 1998.
Le plus intéressant, avec Hold-Up, c’est qu’il suscite une incroyable crispation dans le monde journalistique et politique français. Nous pourrions croire que c’est parce qu’il s’attaque, dans son affiche publicitaire, comme dans son propos introductif avec la prise de parole de Monique Pinçon-Charlot, aux journaux grand public et leurs conflits d’intérêts, tels que notamment les chaînes de télévision LCI, BFMTV, ou tout simplement l’Agence France-Presse.
Que tous les organes de la presse française fassent corps suite à l’attaque dont ils sont la cible pourrait être compréhensible s’ils n’étaient pas, néanmoins, soumis à une certaine déontologie qui leur impose la recherche de la vérité et leur interdit la calomnie et la propagande (cf. Charte de Munich).
Mais comment peuvent-ils remplir ce but dès lors qu’ils essaient de censurer l’entièreté du propos du film grâce à l’emploi de ces étiquettes magiques que sont les qualificatifs “complotiste” ou “conspirationniste”, permettant de jeter immédiatement l’opprobre sur l’objet qui le porte et, par transfert, sur celui qui oserait le regarder ou seulement en discuter ?
En agissant de la sorte, les médias donnent du crédit à Hold-Up, car ils font la démonstration, une fois encore, non pas de l’absence de débat au sein de notre société, mais, pire encore, de l’interdiction de débattre et de questionner une situation qui nous affecte tous gravement, en tant que citoyens.
Abordons à nouveau le fond du film, car en dépit des maladresses et des erreurs que nous avons précédemment soulevées, son argumentaire est, dans l’ensemble, solide, discutable et vérifiable : les sujets qu’il aborde pourront même constituer une découverte et donc comporter une dimension instructive fort intéressante.
De même, les thèses qu’il défend font naître des débats intelligents et raisonnés ; elles ne manqueront pas en effet de pousser le spectateur à entreprendre des recherches par lui-même et à questionner le monde qu’il subit au quotidien depuis bientôt un an.
Le spectateur pourra facilement vérifier et confronter les arguments des intervenants, il aura enfin le pouvoir de mieux cerner les multiples enjeux de la situation actuelle et de s’interroger, à son tour, sur ce que, de toute façon, la plupart d’entre nous ressentons et pensons déjà : les multiples incohérences et erreurs du gouvernement Macron dès le début de cette crise sanitaire ; la violence et l’intolérance avec lesquelles sont traités ceux qui oseraient douter, questionner ou remettre en question les directives ; la mise au ban virulente de nombreux spécialistes ; l’instauration obligatoire, et sans débat, de mesures pouvant paraître excessives, arbitraires, voire inutiles et infondées et qui révolutionnent pourtant nos schémas sociaux et impactent durement nos vies et celles de nos enfants ; le prétexte qui, à un moment de crise sociale, permet la mise en place de ces mesures liberticides que nos gouvernants nous annoncent, de surcroît, s’ancrer dans la durée…
Les divers sujets abordés par Hold-Up sont tous légitimes et méritent effectivement réflexion : les masques comme le confinement sont-ils utiles et sans inconvénients ? L’interdiction de l’usage de l’hydroxychloroquine est-elle pertinente ? Le protocole Raoult est-il vraiment inefficace ? Les chiffres sont-ils mensongers ? La crise sanitaire est-elle si grave que nos instances gouvernementales le prétendent ? Pourquoi le gouvernement est-il incapable de reconnaître ses incohérences et ses erreurs ? Les tests COVID sont-ils réellement fiables ? Que révèle l’affaire du Lancet sur les liens existants entre l’industrie pharmaceutique, aux intérêts financiers évidents, et le monde médical ?
Quelle est l’origine de ce virus ? À quoi œuvrent ces laboratoires qui manipulent le vivant ? Y aura-t-il une campagne de vaccination obligatoire contre la Covid-19 ? Somme-nous vraiment contraints de faire confiance aveuglément au monde médical, politique et journalistique, ou avons-nous le droit d’en discuter ? Quel est le programme de ces milliardaires qui se réunissent, à l’abri du public, pour créer une transhumanité ? Y a-t-il un lien entre la crise sanitaire et la mise en place de celle-ci ? Pourquoi les gouvernants s’efforcent-ils avec tant d’acharnement à interdire de se poser toutes ces questions et refusent d’en débattre ?
C’est tout cela que Hold-Up aborde et c’est pourquoi, malgré ses maladresses, il suscite tant d’adhésion auprès du public. Il est, à ce jour, le seul documentaire qui donne la parole à ceux qui doutent et questionnent la doxa sanitaire qui nous est imposée. Et c’est bien pour ce nouvel éclairage, ô combien salutaire pour la démocratie, que Pierre Barnérias et son équipe sont loués par le public et méritent de l’être.
N’en déplaise à Tristan Mendès France, interrogé par France Culture le jour même de sa diffusion, lequel fustige Hold-Up dans son intégralité, en allant jusqu’à le comparer à un « virus » répandant « l’épidémie complotiste » et appelant de ses vœux à interdire judiciairement ce genre de travail de questionnement : « Tant que ce documentaire n’est pas condamné par la justice, tant que des propos n’ont pas été considérés comme étant condamnables judiciairement, il est difficile d’arrêter sa diffusion. Pour l’instant, aucun des propos qui ont été tenus n’ont été l’objet d’une action en justice. »[3]
Mais, monsieur Mendès, comment appelle-t-on une société dans laquelle ceux qui ont une pensée critique et qui exposent leurs idées à contre-courant sont, au mieux qualifiés de “fous”, au pire, criminalisés ? Sommes-nous encore en démocratie ? Que devient une société dès lors qu’un groupe minoritaire, s’auto-proclamant « élite », s’arroge le droit d’imposer au reste du monde, sans son avis, des technologies et des mesures dont les répercussions s’annoncent extrêmement considérables, sous prétexte de faire le bien ? Avons-nous le droit de douter et de débattre ?
Le peuple Français n’est pas composé uniquement de gens fanatiques et complotistes, ni de fervents altermondialistes et pourtant, tout à chacun, nous savons qu’il se passe des choses anormales et graves, et que c’est notre devoir et notre droit, en tant que citoyens, d’en discuter. Les gens du peuple ne sont ni naïfs, ni imbéciles, contrairement à ce que pensent les milliardaires, les politiciens et les transhumanistes de l’acabit de monsieur Laurent Alexandre.
Ce que révèle Hold-Up c’est cette volonté, puissante et viscérale, qu’ont les citoyens Français, face à une minorité de soi-disant “sachants” qui les contrôlent, de prendre la parole ; de renouer avec la démocratie directe et le débat d’idées ; de ne plus être considérés comme des mineurs incapables de prendre leur destin en mains et inaptes à comprendre la complexité de ce monde que quelques puissants façonnent et que nous subissons en première ligne.
Ce que ce film révèle, c’est le discours unilatéral, la version officielle, sans nuance et monobloc, de la vérité ; en d’autres termes, oui, la “pensée unique” que les plateaux de télévision, les journalistes et les dirigeants s’évertuent à imposer avec virulence et condescendance au peuple français.
Et plus cette sphère politico-médiatique en lien avec des milliardaires sera dans le déni, l’opacité, le tabou et la censure, et plus les citoyens douteront et seront à l’initiative de ce genre de film, financé par des plateformes participatives.
Si Hold –Up est à ce point fustigé par ceux qui nous gouvernent, ne serait-ce pas parce qu’ils ont peur que le peuple se réapproprie le pouvoir décisionnaire qu’ils lui usurpent de plus en plus durement ?
sophie bonin
[1] « Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner. », https://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html
[3] https://www.franceculture.fr/medias/hold-up-a-partir-de-faits-le-documentaire-est-bati-comme-une-vraie-entreprise-de-desinformation
Hold-Up
réalisé par Pierre Barnérias, Nicolas Réoutsky et Christophe Cossé
novembre 2020