Comme souvent dans les fictions de l’auteur, le narrateur aux commandes de l’histoire n’est pas contraint à la fixité d’un parcours romanesque.
Il se laisse divaguer jusqu’à parfois presque douter de sa propre identité même s’il tente ici de la recouvrer non par une descente aux enfers mais en une dérive nocturne.
Les deux peuvent se ressembler car remontent du passé — au moment du retour dans la ville où ce narrateur fit ses études et lorsqu’il est accompagné d’un double, sorte de jeune frère — des présences obstinées, entre autres celle de l’ami disparu et sorte de phare d’une époque révolue.
Celui qui parfois se rapproche de Michel Tournier prend ici des accents nervaliens en une telle épopée à l’envers.
C’est d’ailleurs une trajectoire récurrente dans cette aventure existentielle poétique et géographique.
Tout s’y mêle dans des visions parfois érotiques au seins d’affres divers. Le lecteur s’égare où Penblanc se perd et nous avec là où pourtant rien ne voudrait sombrer dans l’oubli.
Et ce, au moment où le narrateur voudrait apprendre l’éternité et où son apnée continue.
jean-paul gavard-perret
Raymond Penblanc, Une ronde de nuit, Le Réalgar, 2020, 160 p. — 16,00 €.