Sandrine Destombes, La faiseuse d’anges

Quand l’amour et toutes ses dérives…

Ce roman est le pre­mier publié par l’auteur en 2014. Il a été réécrit à l’occasion de cette nou­velle édi­tion. Il s’agit de la pre­mière enquête de la com­mis­saire Maxime Tel­lier que l’on retrou­vera dans L’Arlequin paru en 2015, dans Ainsi sera-t-il en 2016.

La com­mis­saire Maxime Tel­lier, qui veut qu’on l’appelle Max, est en intros­pec­tion pour ten­ter de se remé­mo­rer des sou­ve­nirs vieux de trente ans, lors de l’assassinat de sa mère. Sans suc­cès !
Au com­mis­sa­riat, elle retrouve son équipe pour le pot de départ à la retraite d’Enzo, son ancien ins­truc­teur. Ils sont très proches et c’est avec bien des regrets qu’elle le voit par­tir pour son Ita­lie natale. Il avait enquêté, il y a trente ans, sur le meurtre de sa mère. Ils s’offrent une der­nière soi­rée dans leur bar favori.
Tôt le matin, elle est appe­lée car le cadavre nu d’une femme a été décou­vert près d’un entre­pôt sur les quais de la Seine. Le corps est mutilé. Elle mène déjà l’enquête sur le meurtre d’une femme bat­tue à mort dans un appar­te­ment bour­geois du XVIe arron­dis­se­ment, une femme que la presse a bap­ti­sée La dame aux camélias.

Son équipe découvre des cas simi­laires, l’un à Lisieux, l’autre à Avi­gnon où des femmes ont été retrou­vées nues avec de mul­tiples muti­la­tions, les organes géni­taux pré­le­vés et la peau du visage arra­chée. Elle décide d’aller en Nor­man­die où elle ren­contre le capi­taine de gen­dar­me­rie Gou­vier. Et puis, un court mes­sage est déposé à son atten­tion à l’accueil sans que per­sonne ne remarque le por­teur : “Arrête de me cher­cher. Ça ne la ramè­nera pas. Tout est de sa faute.
Elle com­prend que le meur­trier de sa mère se mani­feste trente ans après, qu’il sait où elle est et ce qu’elle fait !
Et la décou­verte de nou­veaux cadavres…

La fai­seuse d’anges est construit autour de trois enquêtes, deux offi­cielles et une plus per­son­nelle. Ces affaires se croisent, s’interpénètrent, influent sur le com­por­te­ment de l’enquêtrice. Une des affaires de meurtres semble être l’œuvre d’un tueur en série comp­te­tenu du nombre de femmes retrou­vées assas­si­nées selon le même mode opé­ra­toire.
Cepen­dant, alors que les des­crip­tions auraient pu être dif­fi­cile à sup­por­ter, la roman­cière réus­sit à ne pas tom­ber dans le cli­ché gore, ni le tueur sadique.

Les per­son­nages sont conçus avec soin, étu­diés tant sur le plan psy­cho­lo­gique que phy­sique. L’auteure pro­pose des indi­vi­dus très proches de la réa­lité avec des failles, des cas­sures, un passé pesant sur le pré­sent. Per­sonne n’est entier. Elle mène son récit sans temps morts, conçoit une intrigue ori­gi­nale, inven­tive autour de l’amour et de toutes ses dérives et sait, avec une écri­ture maî­tri­sée, mêler adroi­te­ment phases nar­ra­tives et dia­logues.
Ce pre­mier roman annon­çait une auteure de talent. Et la suite a confirmé ce sentiment.

serge per­raud

San­drine Des­tombes, La fai­seuse d’anges, Hugo Poche, coll. “Sus­pense”, octobre 2020, 384 p. – 7,60 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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