‘Fane propose dans son diptyque, deux univers bien différents dont on se demande bien comment il va les réunir. Dans le premier tome, il propose un huis clos qui devient vite pesant pour cette jeune femme qui peine à retrouver une mémoire qui semble prête à revenir mais qui se défile. Son compagnon de navette, tout en lui interdisant certaines actions, fait tout pour lui rendre la vie la plus agréable possible.
Le scénariste fait vivre avec intérêt la montée de ce rejet, les difficultés à vivre confiné, les refus de lui ouvrir certains compartiments tant qu’il ne la sent pas en confiance.
Dans la nuit, deux hommes s’approchent d’un bâtiment. Quand ils essaient de forcer l’entrée, c’est l’explosion.
Dans une navette spatiale, Megan se réveille difficilement malgré l’assistance d’Adam. Quand elle a repris ses esprits il lui souhaite la bienvenue à bord du HOPE. C’est un vaisseau en orbite autour de la Terre depuis 1971. Ils sont en 2020. Elle a dormi quarante-neuf ans !
Face à son effarement, il lui explique qu’elle était volontaire et la rassure quant au retour de sa mémoire. Elle s’appelle Megan Rausch, originaire de Cando dans le Dakota du Nord. Une guerre a éclaté. Douze HOPE ont été envoyés autour de la planète. Il lui explique le fonctionnement, fait visiter les installations. Mais Megan, très vite en a assez et…
Le second tome commence avec l’arrivée, en novembre 1971, de Lavigne, un agent du FBI à Devils Lake, en pleine tempête. Il doit rencontrer James Brimley, l’officier en charge de l’affaire Eve Tozer. Cette jeune et prometteuse actrice s’est volatilisée, au cours d’une réception, il y a cinq semaines. De plus, le shérif de la ville a disparu depuis quatre jours.
Les premiers contacts entre ce Lavigne et James, en fait l’adjointe du shérif et fille de celui-ci, se passent mal. L’enquêteur en veut à la terre entière d’être là. Il veut recommencer l’enquête, essayer de comprendre les raisons de ces disparitions.
Le second tome relate quelque cinquante ans plus tôt, une enquête policière assez classique. Hors le contexte climatique difficile, c’est la confrontation de deux personnages principaux, à savoir l’acariâtre et alcoolique agent du FBI et cette jeune fille qui lui tient tête. Elle cherche d’abord à retrouver son père, pensant que l’actrice disparue depuis cinq semaines doit être morte.
Le scénariste met en scène un agent fédéral, assez proche, semble-t-il d’une réalité, plein de morgue, imbu de lui-même, considérant les membres de la population locale comme de peu d’importance. Face à lui, une jeune femme encore déstabilisée par une déconvenue amoureuse mais qui ne s’en laisse pas conter.
Le dessin du premier tome est assuré par ‘Fare avec un trait synthétique mais très rond, expressif. La surprise vient du graphisme du second volet qui est assuré par Grelin. Celui-ci propose un dessin plus hachuré, plus tendu. Mais la différence d’univers supporte bien cette rupture.
Avec une intrigue qui mène à une chute inattendue, le scénariste donne un récit attractif, semant des indices que l’on a du mal à interpréter à la lecture mais qui prennent toute leur importance lorsque l’on referme le second opus. Remarquable !
découvrir un extrait
serge perraud
‘Fane (scénario, dessin du tome 1, boards du tome 2), Grelin (dessin et couleur du tome 2) & Isabelle Rabarot (couleur du tome 1), Hope One — t.01 et t.02, Glénat, coll. “Hors Collection”, janvier et août 2020, 72 p. – 15,50 € par album.