Avec ces deux recueils la poète, romancière, critique et traductrice Sonia Elvireanu nous fait plonger dans la relation intime au corps et à l’âme de l’autre, mais pas n’importe lequel : l’amoureux disparu.
L’objectif est — par effet de douceur d’évocations des souvenirs — de parvenir à effacer la disparition de l’homme aimé dont la créatrice veut garder l’épaisseur jusque dans les traces des paysages de neige.
“Dans l’embrassement du Ciel et de la Terre”, la ligne d’horizon y prend une dominante de silence et de blancheur qui souligne le vide laissé.
Au sein de références mythologiques et bibliques qui donnent plus de poids à ce qui fut, Sonia Elvireanu oblige à un regard où se mêlent désespoir et espoir là où la vie d’autrefois rejoint le présent auquel il faut se faire.
Et surtout apprendre avec lui non pas à trahir le passé mais y retrouver une juste alliance.
Au “je vivais” doit faire place un “je vis” et découvrir un lieu quelque part réservé où l’auteure pourrait aller sans sa douleur.
Certes, parfois, il semble qu’elle devrait être sourde à elle-même pour y parvenir mais existe néanmoins la présence d’un apaisement.
Sonia Elvireanu peu à peu efface le temps des larmes, la nuit de certaines images afin de n’en conserver que le jour en ce qui tient d’une résurrection pour sur-vivre.
Il s’agit de continuer au nom du bonheur perdu à préserver le présent et le futur.
Et si la poétesse évoque l’autrefois, c’est afin que le temps retrouve une densité active. Elle se redresse d’une telle cassure, elle remonte là où les yeux n’étaient plus que deux petits trous chargés de leurs paupières tels deux poissons morts.
Bref, il faut que d’autres images renaissent à travers les mots et leur force d’existence.
Dès lors, après la chute où l’existence avait fini, tout recommence au moment où l’oeil intérieur se hisse hors du noir jusqu’à la blancheur.
lire notre entretien avec l’auteure
jean-paul gavard-perret
Sonia Elvireanu, Le silence d’entre les neiges & Le souffle du ciel, L’Harmattan, Paris, 2018, 138 p. — 14, 50 €.
Mes vifs remerciements au critique Jean-Paul Gavard-Perret pour sa lecture qui va à l’essence du vécu et comprend le germe de la renaissance. dans un parcours existenciel douloureux.