Jean-Marc Graziani, “De nos ombres” — Rentrée littéraire 2020

Aux pays des femmes

Jean-Marc Gra­ziani sait ce qu’il en est de la Corse et de son peuple. Et son héros va l’apprendre très jeune du côté de Bas­tia.
Le gamin de 12 ans a peur de deve­nir fou lorsqu’il entend des voix.

Commence alors un jeu de piste avec cer­tains objets. Ils lui parlent et l’attirent.
Il est néan­moins aidé pour sor­tir de sa ter­reur pre­mière par son arrière grand-mère véné­rée et révé­rée. Elle voit en ce don une bénédiction.

Dès lors, il s’y plonge sans coups férir avec pour objec­tif la réso­lu­tion des énigmes fami­liales par l’entremise d’un anneau perdu, d’une vieille photo oubliée ou d’un disque oublié au fond d’un gre­nier.
Très vite, dif­fé­rents nar­ra­teurs de diverses époques (prin­ci­pa­le­ment entre les deux guerres mon­diales) prennent en charge le récit afin d’éclairer l’histoire sous plu­sieurs angles.

S’y découvre — entre autres et sur­tout — la force des femmes. Mères, soeurs, amantes, deviennent les véri­tables héroïnes du roman. Elles en tissent la toile.
Et l’arrière grand-mère en devient le paran­gon. Elle sera la prê­tresse de leurs secrets comme ceux de l’île toute entière.

Quant au héros pre­mier, il ne sera que matière et ce, même si pour les croyants l’âme serait la résis­tance de l’inexistant.
Manière d’oublier que nous sor­tons de maman et de papa et non pas de Marie la vierge et de son jouis­sant visi­teur du soir.

Néant ils furent, néant nous sommes. C’est pour­quoi Jésus n’est qu’anecdote.
La science des secrets est fait de bien d’autres cre­vasses et filons. Ils la rendent à cer­tains yeux formidable.

Et Gra­ziani en fait cer­tai­ne­ment partie.

jean-paul gavard-perret

Jean-Marc Gra­ziani, “De nos ombres”, Joelle Los­feld — Gal­li­mard, 2020.

1 Comment

Filed under Romans

One Response to Jean-Marc Graziani, “De nos ombres” — Rentrée littéraire 2020

  1. longobardi Régine

    Un livre oni­rique,
    une écri­ture chi­rur­gi­cale, un récit qui file comme de l’eau , sen­sible et dur, non dénué d’humour, un livre qui se lit sans pou­voir le lâcher de peur de perdre un ins­tant ” d’ombre “.
    Un roman ori­gi­nal, loin des sen­tiers battus,où se mêle ten­dresse et luci­dité ;
    Un roman à recom­man­der, un roman à lire!!!

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