T. M. Logan, Holiday : Sept jours – Trois couples – Un meurtre

Quand la jalousie…

Kate, Sean et leurs deux enfants arrivent en Lan­gue­doc pour pas­ser une semaine de vacances. Elle va retrou­ver ses amies, ren­con­trées à la faculté, pour fêter leurs qua­rante ans avec maris et enfants.
Depuis quelques temps, Kate trouve l’attitude de Sean curieuse. Il s’est ins­crit dans une salle de sport, il ne lâche plus son télé­phone mais répond que tout va bien quand elle le ques­tionne.
Ils s’installent mais son fils de neuf ans presse son père pour aller dans la pis­cine de la villa. Trois noti­fi­ca­tions de mes­sages arrivent presque coup sur coup sur le télé­phone laissé par Sean. Kate ne peut résis­ter. Elle déver­rouille et découvre une série de tex­tos qui révèlent une liai­son. Sean la trompe avec… une de ses amies. Tout s’effondre !

Cepen­dant, elle réagit pour débus­quer celle qui l’a tra­hie.
Com­mence alors, pour Kate, une enquête dou­lou­reuse où elle va tra­quer tous les indices pour décou­vrir celle qui entre­tient une rela­tion amou­reuse avec son mari.

Kate est enquê­trice depuis treize ans au sein de la police scien­ti­fique de Londres. Mais lorsqu’on est si étroi­te­ment impli­quée, la traque se révèle encore plus dif­fi­cile. Les émo­tions, les sen­ti­ments prennent le des­sus. Elle se met à dou­ter de tout, à s’interroger sur ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, sur ce qu’elle per­çoit et qu’elle ana­lyse selon l’angle qui la pré­oc­cupe, qui va dans le sens de la recherche de la traî­tresse.
Elle se met à espion­ner, à scru­ter, à étu­dier les gestes, les atti­tudes, en tirer des conclu­sions hâtives démon­tées sou­vent par des actes ultérieurs.

Il y a aussi la vie en com­mun, les rap­ports avec les enfants, avec le mari, avec les autres maris, les amies et la…félonne ! Et des sou­ve­nirs remontent à la sur­face.
Kate n’est-elle pas à l’origine de drames, n’est-elle pas la cause de situa­tions actuelles ?

Le roman­cier détaille les façons d’appréhender les évé­ne­ments, les conflits. En quelques jours, l’ambiance va se dégra­der. Cha­cune et cha­cun cultivent des secrets, com­mencent à abor­der Kate avec : “Il faut que je te dise…”, “Il faut que je te parle…”.
Mais un impon­dé­rable inter­rompt ce début de révé­la­tion, accrois­sant encore la para­noïa de l’héroïne et la ten­sion du lecteur.

Car, il faut saluer la per­for­mance du roman­cier qui réus­sit à tenir en ten­sion un huis clos entre douze per­sonnes dans une rési­dence de rêve où tout concourt à faire de ce séjour en ces lieux un moment idyl­lique. Des réflexions, des anno­ta­tions sur l’éducation des reje­tons, sur les rap­ports entre le père et l’enfant, ceux entre la mère et sa pro­gé­ni­ture qui ne sont pas sur le même plan, beau­coup plus pro­fonds.
Il fait évo­quer par Sean, qui plai­sante avec son fils, un point com­mun entre Irlan­dais et Fran­çais : la détes­ta­tion des Anglais. On peut avoir une petite inter­ro­ga­tion lorsque Kate pense, page 44 : “Mon nez se rem­plit des odeurs enivrantes de lilas…”, alors que page 12 elle : “…retourne à la contem­pla­tion des vignes aux grappes presque mûres.

Et l’histoire se conclut par une chute sur­pre­nante, ame­née avec brio, expli­ci­tant atti­tudes et pro­pos tenus tout au long du livre.
Un excellent polar qui démontre qu’on peut construire une superbe intrigue avec des faits quotidiens.

serge per­raud

T. M. Logan, Holi­day : Sept jours – Trois couples – Un meurtre (Holi­day), tra­duit de l’anglais par Ber­trand Guillot, Hugo, coll. “Thril­ler”, juin 2020, 464 p. – 19,95 €.

Leave a Comment

Filed under Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>