Elizabeth Jane Howard, Etés anglais

Poids plume

Ce pre­mier volume de « La Saga des Caza­let », célèbre en Angle­terre et qui ne tar­dera sans doute pas à l’être en France, est judi­cieu­se­ment accom­pa­gné d’une fiche recto/verso sur la famille et ses domes­tiques. Ini­tia­le­ment sur­prise par cette ini­tia­tive de l’éditeur, j’en ai com­pris l’utilité dès les trente pre­mières pages du livre : l’auteure n’a tout bon­ne­ment pas le savoir-faire (le talent ?) néces­saire pour rendre ses per­son­nages mémo­rables, qu’ils soient enfants ou adultes, à quelques rares excep­tions près.
Parmi celles-ci, Miss Mil­li­ment, vieille fille pauvre qui vit de cours par­ti­cu­liers, est la plus réus­sie (com­plexe et tou­chante), ce qui rend para­doxa­le­ment la lec­ture d’autant plus frus­trante : la demoi­selle y appa­raît trop rarement.

S’il est natu­rel que les Caza­let occupent plus de place dans le récit que leurs employés, leurs por­traits sont éton­nam­ment super­fi­ciels, les hommes étant carac­té­ri­sés cha­cun par un trait de carac­tère pré­do­mi­nant ou par un trau­ma­tisme, tan­dis que les femmes le sont sur­tout par leur situa­tion d’épouse (plus ou moins frus­trante) ou de céli­ba­taire obli­gée de se sacri­fier.
Dans le même ordre d’idées, chaque enfant a une par­ti­cu­la­rité qui revient constam­ment dans le texte. Mais ces rap­pels n’aident pas à faire vivre ces per­son­nages, d’un cha­pitre à l’autre, à défaut d’approfondissement qui puisse rete­nir notre attention.

L’intrigue, cen­sée être cap­ti­vante, oscille entre le privé et le public ; on se pré­oc­cupe de la situa­tion poli­tique inter­na­tio­nale, en 1937, puis, l’été sui­vant, on se pré­pare à la guerre qui semble immi­nente, avant de se retrou­ver sou­lagé lorsqu’elle se trouve ajour­née par les Accords de Munich.
Cet aspect du roman est plus inté­res­sant que le privé, offrant des aper­çus ins­truc­tifs sur les points de vue que pou­vaient avoir les Anglais concer­nant les évé­ne­ments inter­na­tio­naux. Mais ce n’est pas assez pour que le lec­teur soit satis­fait en refer­mant ce gros pavé beau­coup trop léger quant au contenu.
En somme, ce volume pro­duit l’impression d’un cane­vas pour série télé­vi­sée, plus que d’une œuvre lit­té­raire digne de ce nom.
Cela ne nous empêche pas d’augurer un public assez large pour la « saga », jus­te­ment en rai­son de sa légèreté.

agathe de lastyns

Eli­za­beth Jane Howard, Etés anglais, tra­duit de l’anglais par Anouk Neu­hoff, La Table ronde, coll. Quai Vol­taire, mars 2020, 560 p. – 24,00 €.

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