Fabien Vehlmann & Bruno Gazzotti, Seuls – t.12 : “Les révoltés de Néosalem”

Un uni­vers sans cesse renouvelé !

Ils étaient cinq, Yann, Leïla, Camille, Terry et Dodgi, cinq enfants de cinq à douze ans qui se sont réveillés un matin dans une ville où tous les habi­tants ont dis­paru. Ils vont devoir se débrouiller …seuls, ayant bas­culé dans un uni­vers post-mortem, au cœur des limbes. Mais, ils ne res­tent pas seuls bien long­temps ; très vite, ils font des ren­contres, cer­taines inso­lites, d’autres dan­ge­reuses, voire mor­telles.
Ils retrouvent éga­le­ment des enfants ayant orga­nisé des socié­tés cal­quées sur celles des adultes, ne rete­nant que le pire.

Le dou­zième et pré­sent tome s’ouvre avec Saul qui, grâce à des pou­voirs de télé­ki­né­sie s’est imposé sur le trône de Néo­sa­lem. Ces pou­voirs semblent avoir dis­paru, ce qui lui ferait perdre sa légi­ti­mité. Il a réuni le conseil des Sages car des ten­sions sont appa­rues dans la ville suite au mar­quage au fer rouge, sur le front, des enfants de la 8ème famille. C’est la famille tout en bas de l’échelle sociale, celle des Sans-nom. Pour cal­mer ces ten­sions, il pro­pose d’organiser des jeux du cirque.
Leïla est parmi les “gla­dia­teurs” qui vont devoir, dans le jeu de Colin-mitraille, faire face à un can­di­dat déchu de la 6ème famille armé d’une mitrailleuse. Saul veut se ven­ger de Leïla qu’il accuse de col­lu­sion avec Camille, qui est deve­nue, au terme d’aventures épiques, l’Élue du Mal.
En réponse à une aide exté­rieure qui fait tout pour faire éva­der Leïla, celle-ci pro­pose à ses amis d’organiser la fuite de tous les enfants de la 8ème famille, les esclaves…

Fabien Velh­mann, dont on connaît l’imagination plus que fer­tile, se sur­passe avec cette série où il pro­pose, sur dif­fé­rents degrés, une belle gale­rie de per­son­nages aux carac­tères recher­chés. S’il pré­sente une suite d’aventures débri­dées met­tant en scène des enfants et des pré-adolescents, il place un second, voire un troi­sième degré en jouant sur des notions de phi­lo­so­phie, de pas­sage d’un âge à un autre. Il fait éga­le­ment revivre, par des enfants, les grandes fonc­tions tenues dans nos socié­tés, en désigne les carences, les rup­tures, les excès…
Il fait montre d’une capa­cité à renou­ve­ler cet uni­vers de façon ration­nelle tout en pri­vi­lé­giant l’aventure et l’action.

Même si cette série est des­ti­née d’abord à un jeune public, celui des adultes trouve matière à se réga­ler tant les péri­pé­ties et le second degré sont délec­tables. Bruno Goz­zotti, ce des­si­na­teur sorti de l’énorme pépi­nière que sont les Ins­ti­tuts Saint-Luc en Bel­gique, assure d’un trait éner­gique la mise en images de cet uni­vers. Il donne des per­son­nages tou­jours par­fai­te­ment iden­ti­fiables, à l’expressivité réa­liste. Les actions sont relayées avec dyna­misme et le tra­vail sur les angles de vues tou­jours remar­quable.
La mise en cou­leurs tonique d’Usagi conforte le gra­phisme de belle manière.

Avec Seuls, on aborde la belle bande des­si­née à l’intrigue solide et brillante, au gra­phisme soi­gné et étudié.

serge per­raud

Fabien Vehl­mann (scé­na­rio), Bruno Gaz­zotti (des­sin) & Usagi (cou­leurs), Seuls – t.12 : Les révol­tés de Néo­sa­lem, Dupuis, juin 2020, 48 p. – 10,95 €.

 

 

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