“Dans un sens, ces éléments du quotidien sont comme un collage : c’est assez bordélique et sans narration quelconque. Pour ce disque, j’ai juste essayé de composer avec ces pensées, censées ou non.” écrit le Néerlandais.
D’où l’aspect déconstruit de Love Disorderly et ce dès le titre d’introduction où la voix énigmatique se déploie avec force ou retenue en se poussant parfois jusqu’à ses limites.
A partir de là, tout semble ouvert, incertain S’égrainent des univers à travers parfois des cordes qui essaiment dans les titres les plus mélodieux, parfois les synthétiseurs en des morceaux plus expérimentaux.
L’ensemble reste marqué par une ambiance pesante entre basses lourdes et distorsion de la voix jusqu’à une reprise inopinée et réussie du “Freed From Desire” de Gala délivré dans diverses hauteurs.
Tout est souvent surprenant car Thomas Azier sait détourner les attentes par un travail qui ne se contente jamais d’un simple effet.
Enregistré à Amsterdam, l’album est piloté artistiquement par de Thom Ellen Treasure.
Et dans ce quatrième album et après 12 ans de présence, Azier propose son propre décryptage du monde actuel à travers des “vignettes” plutôt sombres et plus courtes qu’à son habitude. Les basses puissantes pulsent cette esthétique aussi documentaires que poétique.
“Je suis convaincu que la musique pop a un grand pouvoir, et qu’elle peut contribuer à partager des observations et des messages” dit encore Azier et il le prouve.
La voix si reconnaissable, les synthétiseurs créent une ambiance aussi intime qu’extime pour évoquer le monde tel qu’il est.
Il devient — selon l’artiste — de plus en plus “sauvage” là où tout reste musicalement furtif et fuyant.
jean-paul gavard-perret
Thomas Azier, Love Disorderly, Hylas Records, 2020.