Un roman bien sage dans son économie
Auteure, compositrice et interprète, Olivia Ruiz signe son premier roman. L’amour et les femmes — indomptables et de quatre générations –y possèdent sinon les beaux du moins les rôles principaux au milieu des secrets de famille et tourments de l’Histoire.
Et l’auteure de préciser : « Enfin après tant d’années de patience domptée, j’allais savoir pourquoi elle s’emballait tant pour cacher le secret que renfermaient ces neuf tiroirs. Ma Grand-mère les nommait ses renferme-mémoire ».
A sa mort, sa petite-fille en hérite : elle était depuis longtemps intriguée par ce meuble (sorte d’armoire aux secrets) dont elle va pouvoir enfin ouvrir la porte.
Il en sort des histoires et de nombreux tabous qui ont scellé le destin de plusieurs générations de femmes entre France et Espagne, de la dictature franquiste à nos jours.
Le tout repris en une fresque d’exil .
Pour autant, le roman n’est pas autobiographique : Tout est faux, mais écrit l’auteure, “tout est vrai aussi, même si j’ai tout inventé. Rita, c’est à la fois toutes les femmes de ma vie, ma mère, mes grands-mères, mes tantes et forcément moi et toutes les femmes que j’aurais rêvé de connaître.“
La romancière s’engage ainsi à combattre les silences plaqués sur ses origines.
Le sujet est ambitieux, les portraits plutôt réussis, il y a un certain souffle et panache. Néanmoins, le roman reste bien sage dans son économie.
Parler comme son éditrice “d’un petit bijou” est pour le moins surfait sauf à estimer que ce bijou est de pacotille. Son brillant n’est pas d’or : ce qui n’empêche pas à la formule d’un tel roman de séduire le chaland.
Il trouvera en cette histoire multiple une bonne lecture d’été. Il suffit de ne pas attendre plus qu’une telle narration peut donner et ne pas en espérer une trop grande littérature.
jean-paul gavard-perret
Olivia Ruiz, La commode aux tiroirs de couleurs, Jean-Claude Lattès éditeur, Paris, 2020, 208 p. — 19,90 €.
Certes l’économie d’Olivia-Rita n’est pas l’Idiotie de Guyotat . Mais puisque JPGP aime tant la femme chocolat ” chantée ” il aurait pu restreindre son acrimonie textée .
Agréable moment de lecture
Bien écrit émotions
Merci