Mise en abyme de l’identité
Gérard Assouline a créé son film à partir d’un quatrain de Pessoa : “La lumière, comme la vie, peut être délicate, / fragile, unique, éphémère, légère. / Mais d’une insoutenable légèreté… / Laissez-moi rêver la réalité, une autre réalité.“
Si bien que ce court métrage (10mn44) devient un poème optique composé d’images fixes combinées avec une composition d’Arvo Pärt : Für Alina.
Dans ce film, la femme (une autre Alina en quelque sorte) jaillit progressivement de son rêve nocturne, s’échappe de la nuit et non seulement en tant que songe.
Même si la fiction nimbe l’ensemble d’une clarté trouble de ce qui tient d’un éveil.
De telles images sont non des points d’arrivée mais des points de départ vers des destinations inconnues et que l’héroïne, dans son errance, ne connaît pas encore.
Subsistent des restes de la nuit là où celle qui s’y croyait engloutie devient plus “civile”.
Le tout dans une mise en forme du temps et une mise en abyme d’une identité.
L’héroïne est là afin que nous ressentions — par la façon dont Assouline la montre — notre propre manque fondateur, constructif.
Dans le blanc et noir les images sont à la fois figuratives et presque abstraites. Singulières et familières, moins pesantes qu’ailées elles déplacent leurs propres lignes dans une économie du réel et du rêve.
Il y a l’existence. Celle de l’amour ou de ses ratés.
jean-paul gavard-perret
Gérard Assouline, Let me dream, 2020.
Bonjour à vous,
Je vous remercie de votre article sur “Let me dream”.
Il est toujours passionnant d’observer comment le processus d’appropriation d’une oeuvre mise en partage, livre, photo, film ou tableau…est opéré par d’autres personnes que l’auteur.
Voici le lien à deux autres photo-films réalisés il y a quelque temps et primés en festivals.
13h04: https://vimeo.com/237054486
Night zigzags: https://vimeo.com/237054851
Bien à vous
Gerald Assouline
www.geraldassouline.fr
PS: vous avez noté, je suis sûr, que je suis Gérald et non Gérard…:)