Berner le voyeur
Les déesses de Mark Seidenfeld sont des mixtes d’une escouade de Madame Edwarda au bordel de Bataille et d’un parlement de vierges et d’héroïnes de Space Opera. Leurs jambes sont alertes. Insolentes, guerrières ou victimes, rien ne sert de leur demander des explications. Elles s’envolent ou s’emboîtent en une belle anarchie.
Elles deviennent des prêtresses capables de faire enfler des orgues à prières d’un genre particulier. Des dieux ou des hommes, elles ne redoutent pas le tonnerre. Et si elles entrent sur la pointe des pieds en feignant la soumission de femmes légères, elles n’exhiberont tout, tout sauf évidemment le nécessaire…
Personne ne peut les contraindre et Mark Seidenfeld s’amuse avec elles pour berner le voyeur. Rien ne servirait de les faire boire pour les séduire : elles ne sont faites que pour réveiller les morts, leur donner du courage en dégrafant juste ce qu’il faut pour qu’ils soient les damnés. Entre liberté, fait ou victimisation, elles manient au besoin le poignard.
Face au voyeur, elles n’éprouvent pas le besoin de prendre la poudre d’escampette et métamorphosent leurs cuisses en glaives. Vouloir s’y loger entraînerait des blessures mortelles.
Nul ne connaîtra le lys de leur vallée. Avec l’accord de l’artiste, il se peut même qu’elles y aient précipité des cristaux de sel pour brûler celui qui voudrait s’y lover. Elles ne craignent donc rien pour leur intimité suggérée.
Reste pour le voyeur un rêve étoilé tandis qu’elles redoublent de virtuosité en agitant leur croupe pour le faire saliver.
jean-paul gavard-perret
Mark Seidenfeld, Les déesses, exposition virtuelle,www.markseidenfeld.com