Une des plus grandes énigmes politiques
Olof Palme, le Premier ministre suédois, est abattu d’une balle de calibre magnum 357 dans le dos dans une rue de Stockholm, le 28 février 1986. Son épouse, Lisbeth est frôlée par une seconde balle qui ne lui occasionne que des brûlures superficielles. Le tireur s’enfuit sans être inquiété. C’est la stupeur et les différents services de la police mettent du temps à réagir.
Steig Larsson est un journaliste et un homme qui a voué sa vie à combattre l’extrême droite, alors montante en Suède. Mais, l’autre grande affaire qui a mobilisé son attention est sa volonté d’éclaircir l’assassinat du Premier ministre. Il va traquer des faits, coucher par écrit ses hypothèses, le fruit de ses recherches et tenter de percer le mystère de ce crime et, au-delà du ou des tireurs, retrouver les commanditaires. Il meurt d’une crise cardiaque le 9 novembre 2004. C’est le 20 mars 2013 que Jan Stocklassa découvre les archives oubliées de Steig Larsson dans un garde-meuble. Il reprend le travail initié par le journaliste et pousse sa propre enquête jusqu’au bout.
Steig Larsson a acquis, par ailleurs, une célébrité presque planétaire avec trois romans de sa série Millénium (Série qui devait compter dix tomes) qui se sont vendus à plus de 80 millions d’exemplaires (chiffre en septembre 2018). Le présent livre débute avec une lettre de sept pages envoyée à Gerry Gable, le rédacteur en chef de Searchlight, le premier magazine britannique engagé contre le racisme et le modèle de l’Expo suédois, une lettre écrite trois semaines après l’assassinat.
Steig fait état de premières pistes. Il rapporte les témoignages approximatifs de personnes ayant croisé des silhouettes dans le périmètre proche du lieu du meurtre. Il évoque l’absence de cohérence entre les différents services de police. Il a commencé à inventorier les ennemis qu’ Olof Palme avait pu se faire avec ses interventions, les conflits d’intérêts qu’il avait pu faire échouer.
Puis le récit passe du travail de Steig aux investigations de Jan Stocklassa, aux rapports des différents intervenants officiels, aux entretiens menés, aux quelques enregistrements qui ont survécu. La première partie de l’ouvrage s’appuie et met en valeur le travail d’enquête que Steig Larsson a mené pendant huit ans avant d’être terrassé par un malaise cardiaque. La seconde partie retrace toutes les investigations menées par l’auteur, presque huit ans passés à investiguer, à traquer des indices, des contrevérités.
Il en ressort que plusieurs pistes principales ont été explorées comme l’Afrique du Sud à cause de l’apartheid, le PKK kurde qui a mené des assassinats politiques sur la terre de Suède. Il soulève un enchaînement de faits qui interpelle car rien ne pouvait laisser supposer qu’Olof décide, en sortant du cinéma, de rentrer à pied plutôt que par le métro. Toutes les hypothèses ont été émises accréditant soit un attentat minutieusement préparé, soit une improvisation totale.
La folle enquête de Steig Larsson est un récit documentaire écrit comme un récit à suspense mais pensé comme un document qui rétablit la vérité et qui se révèle passionnant de bout en bout.
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serge perraud
Jan Stocklassa, La folle enquête de Steig Larsson (Steig Larssons arkiv Nyckeln till Palmemordet), traduit du suédois par Julien Lapeyre de Cabanes, J’ai Lu n° 12 835, coll. “Thriller”, janvier 2020, 512 p. – 8,20 €.