Remodeler le monde en arbre de vie
Habiter notre monde actuellement n’est pas simple. Vivons-nous des temps ultimes ? En tous les cas, la vie ne va pas être une sinécure.
Et l’auteur de se demander si la tâche de la poésie ne serait pas de ne pas se contenter de faire écho à ce qui nous arrive mais d’aller un peu plus à fond ?
L’essai de Jean-Claude Pinson, à sa manière, fait le tour d’une question devenue urgente et qu’il a devancée. L’auteur propose une approche de ce que pourrait inventer la poésie face à cette dilution aussi économique que sociale et écologique.. L’auteur nous rappelle que les arbres restent les fidèles piliers témoins d’un temps qui voudrait échapper à l’Apocalypse brutale.
Et même Baudelaire, pour lequel la nature est odieuse, à cette aune, devient un recours puisqu’il démontra ce que l’homme était capable — à savoir bien peu.
Il s’agit de chercher comment la poésie pourrait réinventer une forme de vie dans l’appel à une tendresse et une harmonie du globe, loin du seul ordre des édiles. Certes, des poètes comme Christian Prigent ont raison de dégommer les poncifs pastoraux.
Mais pour lui aussi le sentiment amoureux insiste et n’est pas dissociable d’un sentiment de la Nature.
La poésie peut - en inventant de nouveaux “contrats” - créer des interactions qui remodèleraient le monde en arbre de vie. Et ce, dans une “naïveté” retrouvée que “L’An 01″ de Gébé avait esquissé il y a bien longtemps et en vain. L’entière liberté du verbe poétique se doit d’avancer lorsque ses enjeux sont suffisamment profond. Il s’agit désormais de renouveler l’espèce humaine et ne plus détruire celles qui l’entourent.
Pinson rappelle que la langue ouvre à l’expérience du nouveau et de l’inédit au nom de ce qu’il nomme une“écologie dernière”. Elle peut nous faire comprendre l’étrangèreté du monde et des choses en un bucolisme inédit. A suivre.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Pinson, “astoral — De la poésie comme écologie, Essai. Champ Vallon, 2020 — 18,00 €.