Alien Quadrilogy Partie 1

Retour sur la spa­ce­fresque Alien et le thème du délire tech­no­bios­cien­ti­fique revu à l’aune du décryp­tage philosophique…

Alien Qua­dri­logy, Par­tie 1

Les synop­sis

Alien 1 : Alien, le 8ème pas­sa­ger (1979)
Réa­li­sa­teur : Rid­ley Scott
Avec : Sigour­ney Wea­ver, Tom Sker­ritt, Yaphet Kotto, Vero­nica Cart­wright, Harry Dean Stan­ton, John Hurt

Après une mis­sion d’exploration dans la galaxie, le vais­seau Nos­tromo, gigan­tesque cargo spa­tial, est sur la route du retour vers la Terre. L’équipage se com­pose de cinq hommes et deux femmes. L’ordinateur de bord, « Maman », signale la pré­sence d’une forme de vie indé­pen­dante sur une pla­nète incon­nue, arrête la tra­jec­toire du vais­seau et réveille l’equipage placé en « hyper som­meil ». Les astro­nautes orga­nisent alors une sor­tie et découvrent des oeufs d’aspect étrange. Le drame com­mence au cours du repas, lorsque l’un des monstres jaillit du tho­rax de l’un des hommes. L’ordinateur sur­nomme cette créa­ture d’une intel­li­gence hors du com­mun Alien… Après la mort de cinq membres de l’equipage, seule Ripley (Sigour­ney Wea­ver) paraît capable de se débar­ras­ser du monstre.

Alien 2 : Aliens, le retour (1986)

Réa­li­sa­teur : James Came­ron
Avec : Sigour­ney Wea­ver, Car­rie Henn, Michael Biehn, Lance Hen­rik­sen, Paul Rei­ser, Bill Paxton

Après cinquante-sept ans de dérive dans l’espace, l’officier Helen Ripley, seule sur­vi­vante du pre­mier affron­te­ment entre l’homme et l’alien ayant eu lieu sur le Nos­tromo des­tiné à l’exploration de la galaxie, revient sur Terre et témoigne de sa ren­contre avec les Aliens sur une pla­nète que tout le monde croit habi­tée par de pai­sibles colons. La Com­pa­gnie est en cours de plano-formage de la pla­nète incri­mi­née et ne veut pas tout aban­don­ner sur les seules expli­ca­tions d’une malade de l’espace. En effet, LV-426 abrite une colo­nie com­pre­nant une soixan­taine de familles et per­sonne n’a jamais eu vent d’une quel­conque créa­ture. Tous les scien­ti­fiques demeurent méfiants et incré­dules jusqu’au moment où les com­mu­ni­ca­tions avec la pla­nète sont sou­dai­ne­ment coupées.

Malgré les cau­che­mars qui la hantent, Ripley rejoint alors une équipe consti­tuée d’un bataillon de marines sur­en­traî­nés, d’un conseiller scien­ti­fique et d’un androïde. Leur but : enquê­ter sur la dis­pa­ri­tion du groupe des colons. Mal­heu­reu­se­ment, cette fois-ci, ce ne sera pas une créa­ture qui les attend… mais des mil­liers ! Arri­vés sur place, l’équipe doit faire face à la réa­lité : la pla­nète est dévas­tée et les colons sont per­dus. Ripley y retrouve seule­ment une petite fille, Rebecca « Newt » Jor­den , seule res­ca­pée des attaques des Aliens, ainsi que deux para­sites iso­lés dans un labo­ra­toire… 

Alien 3 (1992)
Réa­lisé par : David Fin­cher
Avec : Sigour­ney Wea­ver, Charles Dut­ton, Charles Dance, Paul McGann, Brian Glo­ver, Ralph Brown, Daniel Webb, Chris­to­pher John Fields, Holt McCal­lany, Lance Hen­rik­sen, Chris­to­pher Fair­bank, Carl Chase, Leon Her­bert, Vin­cenzo Nicoli, Pete Postlethwaite

Fiorina 161 est une pla­nète morte, qui ne sert plus qu’à abri­ter une poi­gnée de déte­nus de droit com­mun très dan­ge­reux. Une ving­taine d’hommes y vit. Psy­cho­pathes, vio­leurs, assas­sins, infan­ti­cides, ce sont les plus dan­ge­reux déte­nus de droit com­mun de l’univers. C’est dans ce péni­ten­cier désaf­fecté qu’échoue Ripley, unique sur­vi­vante d’un car­nage pro­vo­qué par les Aliens sur une loin­taine pla­nète. La Com­pa­gnie demande au direc­teur de ce centre de déten­tion de prendre bien soin d’Ellen Ripley, une navette étant envoyée pour la rame­ner. Mais les acci­dents et les morts sus­pects de déte­nus se mul­ti­plient : ron­gée par l’angoisse de voir le dan­ger réap­pa­raître, elle ignore encore que l’Alien est en elle… 

Alien 4 : La Résur­rec­tion (1997)

Réa­li­sa­teur : Jean-Pierre Jeu­net
Avec : Sigour­ney Wea­ver, Winona Ryder, Ron Perl­man, Domi­nique Pinon, Michael Win­cott, Dan Hedaya

Les scien­ti­fiques du vais­seau USM Auriga (dirigé par l’ordinateur Le Père) ont réussi à obte­nir un clone de Ripley, morte à la fin de Alien 3, grâce à des élé­ments de son sang pré­levé sur la pla­nète Fio­rina. Par là même ils arrivent à la faire accou­cher de l’Alien en train de se déve­lop­per en elle. Les cher­cheurs laissent Ripley en vie, mal­gré les conseils du chef de la junte mili­taire diri­geant l’opération qui a peur qu’elle ne conti­nue d’exterminer les Aliens. Grâce à la « mère por­teuse » issue de Ripley, ils espèrent pou­voir obte­nir une mul­ti­tude de créa­tures, « tueurs » effi­caces qu’ils reven­dront à prix d’or. Mais la mère por­teuse ne s’en laisse pas si faci­le­ment conter et par­vient à s’échapper du labo­ra­toire où elle était tenue pri­son­nière avec ses « petits ».

Bien­tôt, ils répandent ensemble la ter­reur sur le vais­seau. Seule Ripley, aidée par un groupe de mer­ce­naires sans foi mais che­vron­nés, va ten­ter une fois de plus d’arrêter l’hémorragie et d’éliminer les monstres.


Intro­duc­tion : Des limites tech­niques de l’être humain

Par­ler d’Alien, fresque ciné­ma­to­gra­phique mar­quant nos consciences et notre ima­gi­na­tion depuis main­te­nant plus de vingt ans, c’est immé­dia­te­ment son­ger, modèle récur­rent, à une créa­ture répu­gnante qui traque un à un les membres d’un vais­seau spa­tial pour les éli­mi­ner. Une entité bio­lo­gique irré­duc­tible contre laquelle la haute tech­no­lo­gie des hommes s’avère impuis­sante. De la lutte à mort qui s’ensuit à chaque fois entre les forces en pré­sence découle une inter­ro­ga­tion légi­time quant aux limites tech­niques de l’être humain face à une puis­sance qui le dépasse. Et, dans le même élan, une remise en cause du pri­mat accordé tant à la science qu’au savoir afin d’améliorer l’existence des indi­vi­dus. Les pages qui suivent n’explorent pas la saga entière des Alien, mais seule­ment les épi­sodes (les volets I et IV) qui nous paraissent sus­cep­tibles de rece­voir un sens phi­lo­so­phique. Un sens qui déborde la seule mise en scène à coup d’effets spé­ciaux du com­bat ata­vique entre l’homme et le monstre de l’espace.

En effet, c’est lorsque l’on réduit — ce qui est com­pré­hen­sible mais pas le plus fécond — Alien I et Alien IV à un délire de science-fiction que l’on mécon­naît une autre dimen­sion du film. De manière plus fon­da­men­tale, « relire » ces deux élé­ments de la série revient à se deman­der la chose sui­vante : à quoi avons-nous bien affaire à chaque fois dans ces films ? La réponse est simple, mais c’est l’arbre qui cache la forêt : à une créa­ture hybride et mys­té­rieuse, aux éton­nantes capa­ci­tés d’adaptation qui détruit tout ce qui lui résiste sur son pas­sage afin de se repro­duire dans l’espace. Soit quelque chose qui est peut-être de l’ordre du vital, mais non du phi­lo­so­phique ! N’oublions pas tou­te­fois les condi­tions dans les­quelles ce monstre se trouve appro­ché par les hommes. Le contact entre l’entité E.T. et les spa­tio­nautes s’établit la pre­mière fois lors d’une visite dans l’espace, la der­nière fois au cours d’une expé­ri­men­ta­tion scien­ti­fique qui tourne mal.

À ce qu’il semble, c’est tou­jours en fonc­tion des outils dont les voya­geurs dis­posent qu’ils par­viennent à ren­con­trer l’Alien : tout d’abord, la maî­trise de la tech­nique du voyage dans l’espace, puis la pos­si­bi­lité de mani­pu­ler les cel­lules qui déclenchent le cata­clysme. En ce sens, la créa­ture res­te­rait incon­nue de l’homme si ce der­nier n’abusait pas de son pou­voir d’investigation de l’univers tant phy­sique que génétique.

1) Alien I et Alien IV, bas­tions d’une Tech­nique dévoyée

Or, si Alien II est une suite fort réus­sie du film Alien, la pré­séance est don­née aux scènes d’actions, orga­ni­sées autour d’une ultime confron­ta­tion des hommes et des créa­tures dans le nid même des Aliens. Énorme suc­cès du box-office amé­ri­cain, James Came­ron s’amusant à des­si­ner lui-même la reine des Aliens, ce film obtient deux oscars (celui des effets visuels et celui des effets sonores) sur les sept pour les­quels il est nominé. Mais le style — par­tant, le sens — a changé. L’action prend le devant sur la décou­verte de la créa­ture et le réa­li­sa­teur met en scène des Aliens qui se sont appro­priés la base tan­dis que les « intrus » sont désor­mais les humains. Film sur la recon­quête en milieu hos­tile, soit sur la même pla­nète que le pre­mier film, Alien II n’agite à aucun moment le res­sort de la tech­no­lo­gie démo­niaque. Ce nou­vel épi­sode (dont le slo­gan aux Etats-Unis était « This time it’s war », « Cette fois, c’est la guerre ») per­met seule­ment de répondre à l’une des grandes ques­tions : d’où viennent les oeufs Aliens ? Rai­son pour laquelle nous ne nous y attar­de­rons pas.

De la même manière, on ne peut inter­ro­ger dans cette optique cri­tique le troi­sième volet de la saga, sans doute le plus noir et le plus proche de l’original de Scott, l’initiateur du suc­cès. Si David Fin­cher y appro­fon­dit en effet la psy­cho­lo­gie de Ripley, pre­mier per­son­nage fémi­nin du cinéma fan­tas­tique doté d’une telle force, tant phy­sique qu’intellectuelle, il en fait du même coup une pas­sio­na­ria mes­sia­nique qui doit mou­rir à la fin du film pour por­ter secours à l’humanité — ce qui ne sera pas d’ailleurs sans nuire au suc­cès inter­na­tio­nal de la spa­ce­fresque Alien. Parce qu’il a voulu reve­nir au mys­tère d’une unique créa­ture qui sème­rait la ter­reur comme dans le pre­mier Alien, Fin­cher fait ainsi res­sor­tir un concept éton­nant dans un film de science-fiction : l’archaïsme. Non pas que la mise en scène de Alien III laisse à dési­rer, bien au contraire, mais elle est déjà la griffe d’un réa­li­sa­teur qui se fera remar­quer ensuite pour son uni­vers bien par­ti­cu­lier (voir The Game, Fight Club et Seven, où la lumière, tout en demi-teintes claus­tro­pho­biques, chro­mies et ambiances sau­mâtres, liquides et acides, joue là aussi un rôle de pre­mier plan) et qui conçoit le nou­veau souffle qu’il doit appor­ter à ce Lévia­than de l’espace qu’est Alien sur le modèle exclu­sif d’un « film sur la rédemp­tion, le sacri­fice de soi pour la sau­ve­garde de l’humanité ».

D’où une ambiance trouble aux images aux tons métal­liques ou ocres consa­crant le retour à un âge bar­bare, sombre et orga­nique, carac­té­risé par l’absence d’arme, de science-fiction clin­quante et tech­no­lo­gique. Ten­sion sourde et angoisse à chaque détour de cou­loir sont donc bien pré­sentes, de même qu’une des plus célèbres scènes de la série : la ren­contre tout en sen­sua­lité de l’Alien et de Ripley (en mère por­teuse) dans l’infirmerie du péni­ten­cier. Fin­cher pré­fère cepen­dant mettre l’accent dans ce micro­cosme, ce monde à l’envers, sur les « cri­mi­nels » qui com­battent aux côtés de Ripley, les­quels, mal­gré l’extradition de la société qu’ils ont subie, font encore état d’une part de bra­voure et vont être ame­nés, au nom d’une « reli­gion » de sub­sti­tu­tion, à se défendre sans arme ni tech­no­lo­gie. Ici, une bande de cri­mi­nels endur­cis — qui a choisi la reli­gion comme phi­lo­so­phie pour sur­vivre à l’incarcération — se découvre face à la menace suprême des ver­tus posi­tives et tente de gagner le par­don divin en com­bat­tant l’extra-terrestre. On sent plus d’une fois que ce thème inté­resse Fin­cher davan­tage que celui de l’Alien, de la folie des savants et autres déci­deurs éco­no­miques. Ce n’est pas un hasard si le jeune réa­li­sa­teur (28 ans à l’époque) a voulu à l’origine que le scé­na­rio soit bâti en cinq actes, cor­res­pon­dants, pour Ripley, aux cinq étapes de l’agonie telles que les défi­nit la psy­cho­logue Eli­sa­beth Kuebler-Ross : le refus, la colère, le mar­chan­dage, la dépres­sion et enfin, l’acceptation.

La morale, pes­si­miste et fata­liste, du dénoue­ment de ce qui s’apparente de fait à une science-fiction gothique, quasi moyen­âgeuse, vise à éta­blir ce que Ripley, figure chris­tique, vouée au mar­tyre et enceinte de la bête, res­sent dès le début : les scien­ti­fiques ne viennent pas pour les aider, mais uni­que­ment pour leur pro­fit. Les robots y sont dépeints comme la pire espèce puisqu’ils repré­sentent l’esprit des cher­cheurs qui se servent d’un modèle simi­laire à Bishop pour convaincre l’héroïne d’obéir à leurs injonc­tions. Le cli­mat, mys­tique, baroque, est inquié­tant et la dimen­sion huma­niste de l’ensemble est sai­sis­sante, certes, mais Alien III, vision d’apocalypse tout feu, tout flammes, n’enfonce pas le clou du thème du délire tech­no­bios­cien­ti­fique et il fau­dra attendre le der­nier volet de la série pour que la boucle soit enfin bouclée.

A suivre : Alien Qua­dri­logy, Par­tie 2
Lire la Partie 3 du dos­sier Alien Qua­dri­logy

fre­de­ric grolleau

Cof­fret col­lec­tor Alien Qua­dri­logy Quatre films en édi­tion spé­ciale 2-DVD, plus un neu­vième DVD de bonus ! Au total, 8h29 de films en ver­sion director’s cut, 8h21 de com­men­taires audio, 13h07mn de docu­men­taires, 15 mn de bonus cachés, des dizaines de gale­ries pho­tos, bande-annonces et autres vidéos en tout genre (essais, etc.)

Genre : fan­tas­tique, thril­ler Edi­teur : Fox Pathé Europa Sor­tie : 3 décembre 2003 Prix : 79,99 euros

Le Cof­fret Alien Qua­dri­logy contient neuf dvd, deux par film, le second dvd de chaque film est consa­cré à la pro­duc­tion et aux bonus spé­ci­fiques au film. Le neu­vième dvd, entiè­re­ment rem­pli de bonus, offre notam­ment le dvd Alien Legacy, déjà pré­sent dans le cof­fret Alien Saga, ainsi qu’un docu­men­taire sorti aux Etats-Unis ces der­niers mois. Ces deux der­niers films sont en vost. Chaque film est homo­lo­gué THX et pro­posé en Dolby Digi­tal 5.1 fran­çais et anglais, avec un remixage DTS en Fran­çais. NB : pas de THX ni de VF DTS pour Alien 3, Fin­cher ayant tou­jours contesté la main­mise du stu­dio sur son film… Chaque film est pré­senté dans sa ver­sion cinéma ainsi que dans sa ver­sion Director’s Cut, inédite pour Alien et Alien : Resur­rec­tion (huit minutes sup­plé­men­taires), et iden­tique à celle que l’on connaît pour Aliens. A noter : Alien 3 com­porte vingt-huit minutes sup­plé­men­taires qui n’ont pas été approu­vées par Fin­cher… et la director’s cut du pre­mier Alien est plus courte de trente-six secondes que la ver­sion cinéma, Rid­ley Scott ayant sou­haité enle­ver cer­tains plans de la ver­sion cinéma. Le second DVD de chaque film est divisé en trois par­ties : la pre­mière concerne la phase de pré-production du film (pré­pa­ra­tion), ensuite celle de pro­duc­tion (tour­nage), puis celle de post-production (mon­tage, son, musique, …). La tech­no­lo­gie « seam­less bran­ching » (option d’aiguillage auto­ma­tique), dis­po­nible sur les quatre films, per­met de vision­ner sur le même DVD la ver­sion cinéma et la ver­sion longue par un ajout simple et auto­ma­tique des scènes cou­pées, les deux ver­sions étant pré­sentes sur le même disque.

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