Le piéton de Paris : entretien avec Alain Rage

Alain Rage pho­to­gra­phie Paris sous divers angles, il découpe la ville selon sa propre vision et son propre Evan­gile. Existe sans doute une valeur docu­men­taire à de telles prises mais les réduire à une telle “vue” serait une héré­sie. L’aspect ico­no­graphe ferait oublier ce qui consti­tue l’essence d’un tel travail.

Le pié­ton de Paris sait s’éloigner ou se rap­pro­cher de ses sujets pour don­ner aux rues de Paris une poé­sie spa­tiale plus riche, plus proche d’un pou­voir d’évocation que d’une valeur des­crip­tive . Cette approche aussi frag­men­taire que géné­rale mérite de deve­nir un  livre car l’arpenteur explore le coeur de la ville et celui de ses mor­tels comme disait Baudelaire.

Voir le site du pho­to­graphe.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Tout ce qui me reste à faire et que je n’ai pas encore fait.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’avais des tas de désirs, enfant. Je vou­lais être spa­tio­naute, et aussi peintre. Main­te­nant, j’ai sou­vent la tête dans les étoiles et je peins avec la lumière.

A quoi avez-vous renoncé ?
À rien. Je renon­ce­rai le jour de ma mort.

D’où venez-vous ?
De nulle part et par­tout c’est chez moi.

Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
La curio­sité, l’ouverture d’esprit.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
D’errer dans les rues de Paris pour réa­li­ser une nou­velle pho­to­gra­phie, en miroir de ma pensée.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres pho­to­graphes ?
Un regard plu­tôt pes­si­miste et une hypersensibilité.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Celle que j’ai faite, un soir, de la fenêtre de ma chambre, j’étais ado­les­cent, c’était un cou­cher de soleil, rou­geoyant. C’est en voyant le résul­tat que j’ai com­pris le poten­tiel créa­tif de la photographie.

Et votre pre­mière lec­ture ?
« Le por­trait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Led Zep­pe­lin, Gains­bourg, Are­tha Frank­lin et Oum Kalthoum.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
C’est une BD. L’intégrale de « l’Incal » d’Alejandro Jodorowsky .

Quel film vous fait pleu­rer ?
« Requiem for a dream. » de Dar­ren Aronofsky.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un insoumis.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A l’homme que j’ai aimé.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
New York.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Fran­cis Bacon, David Hock­ney, Henri Cartier-Bresson, Robert Dois­neau , Albert Camus et Vir­gi­nie Despentes.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un aller-retour pour l’espace à bord de la fusée New She­pard ? Il fau­drait s’y mettre à plu­sieurs, le billet est exces­si­ve­ment cher !

Que défendez-vous ?
La liberté, l’égalité et la fraternité.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Aimer, c’est par­ta­ger. Son contraire, ce n’est pas haïr, c’est trahir.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Cela me rap­pelle qu’il faut que je dise oui, plus souvent.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Que me sou­hai­ter dans l’avenir ? De trou­ver un édi­teur et publier mon travail.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelittteraire.com, le 14 février 2020.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Entretiens

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>