Une succession au trône bien difficile…
Le cadre, des faits, certains événements ne peuvent éviter de faire un parallèle avec un royaume bien réel, dans une île, qui cherche à retrouver une gloire passée sans comprendre que le monde a changé depuis le XVIIe siècle et que seuls des grands blocs peuvent encore imposer leurs règles. Mais les scénaristes, contrairement à un usage bien établi aujourd’hui qui consiste à encenser, voire à attribuer une quasi sainteté à tout homme politique, tout people qui décède, décrivent, avec le personnage du roi défunt un être odieux.
L’accession à quelque trône que ce soit ne se fait pas sans déloyautés, conspirations. Et si l’assassinat physique n’est plus de mise en Occident, la mort politique reste bien présente.
Sur l’île d’Angléon, le royaume des félins, le roi Cyrus, avant de mourir, a assassiné Mileria sa fille aînée. C’est Hirus, son neveu, qui va, selon le désir du vieux roi, être couronné le lendemain de l’incinération des deux corps sur un bûcher. Mais, Cyrus, un va-t-en-guerre qui pensait gouverner en maître, se heurte aux procédures légales et se voit contraint de reprendre Sameus, l’Ombre de Cyrus, comme conseiller privé. Il écarte cependant ses deux frères du pouvoir, Moron et Mederion. Ce dernier assure à son frère qu’il va tout faire pour le placer malgré tout le mépris de son aîné.
Astrelia, la fille cadette de Cyrus est la seule à comprendre les raisons qui ont poussé son père à tuer sa sœur. Mais elle se trouve dans une situation inconfortable, n’étant plus que la cousine du nouveau roi et elle porte un secret qui la met en danger.
Le jeune This, qui a intégré le corps de cadets des gardes, est entraîné dans une situation dramatique. Mederion a fait libérer sa mère, enfermée depuis dix ans au prétexte qu’elle est folle. Or, les vraies raisons sont plus tortueuses et complexes. C’est dans cette ambiance de complots et de coups tordus qu’arrive un étranger, dont la cible est déjà morte, et qui cherche du travail…
Les auteurs mettent en avant l’idée que le secret le mieux gardé reste toujours celui que personne ne divulgue. Et Astrelia en fait la triste expérience. Cependant, ils veulent croire que l’amour est universel et ils multiplient les rapprochements inter-races au cœur de la cour la plus intolérante des 5 Terres.
Dans ce maelström de kabbales, de divulgations, les scénaristes multiplient les péripéties et développent des intrigues annexes tels que le parcours du jeune This aux origines encore obscures, la liaison amoureuse de deux otages, le parcours d’un capitaine de la garde, celui des frères du roi, de leur cousine Astrelia…
Le dessin animalier de Jérôme Lereculey est superbe. Il travaille après l’intervention de Didier Poli qui place l’univers, avant celles de Lucyd et Diane Fayolle qui assurent l’encrage et celle de Dimitris Martinos qui réalise la mise en couleurs. Le résultat, après le concours de tous ces intervenants est admirable. Leur nombre ne réduit pas la qualité des planches.
Après un premier tome bien attractif, ce second volet confirme la très bonne impression et laisse augurer de beaux rebondissements à venir.
serge perraud
Lewelyn (Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong– scénario), Jérôme Lereculey (dessin), Lucyd et Diane Fayolle (encrage), Dimitris Martinos (couleurs), Les 5 Terres – t.02 : Quelqu’un de vivant, Soleil, coll. “Terres de légendes”, janvier 2020, 56 p. – 14,95 €.