Comme un navire qui s’éveille / Au vent du matin, / Mon âme rêveuse appareille / Pour un ciel lointain.
La Revue d’histoire maritime paraît deux fois l’an, au printemps et à l’automne : depuis vingt ans, elle met en lumière la recherche des historiens du monde entier sur l’histoire des relations que les hommes ont entretenues, siècle après siècle, avec les mers et les océans.
Elle est d’une rare élégance, particulièrement agréable à lire et à manipuler. Chaque numéro comprend un dossier thématique.
Ici, le propos est de s’intéresser au navire à la mer, pour ouvrir une voie différente dans la recherche qui porte majoritairement sur la construction navale, la sociologie des gens de mer ou les routes et les flux maritimes.
La difficulté majeure reste la rareté des sources : seul l’exceptionnel est en effet consigné dans les archives de bord. Le dossier Le navire à la mer comprend treize articles. L’ouverture est géographique (du Pacifique à l’Europe) et chronologique (de l’Antiquité au XXe siècle), multipliant les types de sources (archéologie, textes, iconographie) en faisant une place aux reconstitutions, ce qui permet d’aborder aussi bien les Cadets de la Royal Navy que les marins antiques ou les piroguiers du Pacifique.
Le navire à la mer, de pêche, de commerce ou de guerre, est scruté tous azimuts, et présenté dans sa vulnérabilité quotidienne à l’usure, aux éléments, à la violence des hommes, mais aussi dans sa capacité à prévoir et à réparer.
Le numéro se complète d’une section « varia » livrant trois articles hors thématique du volume : le premier (G. Le Bouëdec) s’intéresse au port en situation coloniale, le deuxième (E. Olivier-Jégat) à la Royale confrontée à la contrebande aux Antilles au XVIIIe s., le dernier (M. Barey) à l’innovation en temps de guerre à l’école navale des Forces Françaises Libres.
Une section « hommage » salue la mémoire de Christian Huet de Lemps. Une partie « Chroniques » fait le point sur l’état de la recherche : c’est intéressant pour se tenir au courant de l’actualité sur la recherche maritime, et c’est indispensable aux chercheurs qui trouveront là des informations, des précisions, des projets à mener. Une Habilitation à diriger les recherches et deux thèses sont retenues. La dernière tranche du volume intègre cinq comptes rendus d’ouvrages récents ayant trait au monde maritime.
L’ensemble fait un ouvrage qui s’adresse aussi bien aux spécialistes du monde maritime et aux chercheurs qu’aux curieux, qui liront des articles d’horizons très divers.
yann-loic andre
Revue d’histoire maritime, n° 25, « Le navire à la mer », dirigé par Olivier Chaline & Sylviane Llinares, 2018, 320 p. — 25 €.