Méfiances réciproques et ronds de jambes
Breton et Eluard (surtout) sont — parmi les écrivains surréalistes — les moins intéressants. Du second on sauvera le Dictionnaire abrégé du mouvement pour la bonne raison qu’il donne surtout la parole aux autres. Fidèles à l’école pour des raisons d’hégémonies, les deux auteurs se livrent à un échange compassé et sans grand intérêt sauf pour ceux dont le champ d’investigation reste l’état de la littérature française dans la première partie du XXème siècle.
L’ensemble est alambiqué au sein d’une tentative d’équilibriste de deux ouvriers en coquetterie qui se vouent une certaine estime et nouent divers calculs afin de préserver leurs prébendes. Certes, rien n’est dit ouvertement mais les deux compères s’entendent comme larrons en foire (d’empoigne) lorsqu’il s’agit d’étouffer les rebellions de famille au milieu des luttes littéraires et politiques où le Parti Communiste se taille la part du lion.
Rien donc de passionnant là où les deux auteurs se montrent en réciprocité à l’exception de quelques confidences intimes mais de manière très parcimonieuse sur une certaine mythologie féminine. Existe une certaine vacance dans ce contact fluctuant de ceux qui — se livrant certains services — sont plus avides de la soumissions de leurs pairs que de leur libération. Dali en fera les frais et il en est question ici.
Les autres écrivains sont plus ou moins ravalés au rang de scribes. Du tourment humain en général, il n’est pas question. Tout tourne plus ou moins autour de deux nombrils dans une valse des masques.
Le paraître est là dans les éclats de ce qu’ Eluard nomme, dans Cours naturel, “un dôme de méfiance”.
jean-paul gavard-perret
André Breton & Paul Eluard, Correspondances 1919–1938, Gallimard, collection Blanche, 2020, 460 p. — 32,00 €.
Un parti pris trop subjectif de JPGP allergique aux surréalistes et particulièrement à Breton qui n’a rien à voir avec un larron de foire .