Maëster & Julien Solé, Sœur Marie-Thérèse – t.07 : “Ainsi soit-elle !”

« Priez pour nous… La revoilà ! »

Ce nou­vel album, dix ans après, relate la suite des aven­tures de cette reli­gieuse excep­tion­nelle, de cette “épouse” du Christ que rien n’arrête. L’album est abso­lu­ment inclas­sable, débor­dant de jeux de mots, de réfé­rences, d’humour plus ou moins décalé, allant d’un ton potache à une forme déca­pante, avec des pointes acides. C’est débor­dant de détails. La scène pano­ra­mique mon­trant la salle du tri­bu­nal lors de l’ouverture de l’audience est une mer­veille tant il y a à voir dans les per­son­nages qui se pressent, dans leurs situa­tions, dans leur atti­tudes, de Mary­lin Mon­roe à Napo­léon en pas­sant par Lan­dru, les Marx Bro­thers…
Mais, sous la “grosse rigo­lade”, Maës­ter aborde des idées pro­fondes sur la reli­gion, sur les points com­muns des reli­gions mono­théistes, sur la jus­tice, sur l’acharnement thé­ra­peu­tique, sur une suc­ces­sion de sujets (à décou­vrir !) plus ou moins d’actualité qui secouent la société.

L’album débute par un pro­logue où sœur Marie-Thérèse, allon­gée dans l’herbe, au bord d’une rivière, est en rogne. Elle se plaint à un Jésus par­lant avec l’accent por­tu­gais, coiffé d’un béret, de leur sépa­ra­tion depuis dix ans. Puis, elle s’attribue les paroles de Bri­gitte Bar­dot au début du Mépris de Jean-Luc Godard. Un petit des­sin, en bas de case, montre le réa­li­sa­teur stu­pé­fait : “Atten­dez, il y a méprise là !”.
L’album se pour­suit avec Le Sau­veur d’argent où Jésus che­vauche une croix étin­ce­lante, une idée ins­pi­rée par Le Sur­feur d’Argent de Stan Lee et John Bus­cema. Jésus se plaint qu’il est aban­donné, que son père ne l’écoute pas. Celui-ci ne sait plus que faire et passe le flam­beau à un Mahomet-Morgan Free­man pour trou­ver une solu­tion.
Et on retrouve la suite de l’intrigue du sixième tome où Sœur Marie-Thérèse est au tri­bu­nal afin d’être jugée pour ter­ro­risme. Elle accu­mule des actes de van­da­lisme, des­truc­tion de labo­ra­toire expé­ri­men­tal, agres­sion de cher­cheurs… La liste des chefs d’accusation n’en finit pas. La par­tie civile est repré­sen­tée par : “…La ter­reur des pré­toires, la Pava­rotti des bar­reaux, la Cas­sius Clay de la cas­sa­tion… Avec lui, même la Vierge aurait fini sur le bûcher.” Parce que son épouse, pen­dant l’audience, le pré­vient qu’elle divorce, l’avocat de la défense se sauve. Sœur Marie-Thérèse se retrouve seule…

Si le scé­na­rio est l’œuvre de Maës­ter, le gra­phisme se par­tage, compte tenu de ses gros sou­cis de santé, entre lui et Julien Solé, qui a su reprendre l’esprit et les formes de cette iné­nar­rable reli­gieuse. C’est un album qui se déguste len­te­ment, qui demande à y reve­nir tant les vignettes sont riches en détails, en anno­ta­tions, en res­sem­blances, en réfé­rences diverses et variées ayant un rap­port avec le cinéma, le Comics, la lit­té­ra­ture popu­laire, les têtes d’affiche des médias…
On y croise une foul­ti­tude de per­son­nages. On peut jouer à retrou­ver qui est cro­qué, à qui res­semblent les caricatures.

serge per­raud

Maës­ter (scé­na­rio et des­sin), Julien Solé (des­sin), Claude Guth (cou­leur) & Maria Chris­tina Fede­rico (mises en lumière), Sœur Marie-Thérèse – t.07 : Ainsi soit-elle !, Glé­nat, coll. “Humour”, octobre 2019, 48 p. – 13, 90 €.

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