« Priez pour nous… La revoilà ! »
Ce nouvel album, dix ans après, relate la suite des aventures de cette religieuse exceptionnelle, de cette “épouse” du Christ que rien n’arrête. L’album est absolument inclassable, débordant de jeux de mots, de références, d’humour plus ou moins décalé, allant d’un ton potache à une forme décapante, avec des pointes acides. C’est débordant de détails. La scène panoramique montrant la salle du tribunal lors de l’ouverture de l’audience est une merveille tant il y a à voir dans les personnages qui se pressent, dans leurs situations, dans leur attitudes, de Marylin Monroe à Napoléon en passant par Landru, les Marx Brothers…
Mais, sous la “grosse rigolade”, Maëster aborde des idées profondes sur la religion, sur les points communs des religions monothéistes, sur la justice, sur l’acharnement thérapeutique, sur une succession de sujets (à découvrir !) plus ou moins d’actualité qui secouent la société.
L’album débute par un prologue où sœur Marie-Thérèse, allongée dans l’herbe, au bord d’une rivière, est en rogne. Elle se plaint à un Jésus parlant avec l’accent portugais, coiffé d’un béret, de leur séparation depuis dix ans. Puis, elle s’attribue les paroles de Brigitte Bardot au début du Mépris de Jean-Luc Godard. Un petit dessin, en bas de case, montre le réalisateur stupéfait : “Attendez, il y a méprise là !”.
L’album se poursuit avec Le Sauveur d’argent où Jésus chevauche une croix étincelante, une idée inspirée par Le Surfeur d’Argent de Stan Lee et John Buscema. Jésus se plaint qu’il est abandonné, que son père ne l’écoute pas. Celui-ci ne sait plus que faire et passe le flambeau à un Mahomet-Morgan Freeman pour trouver une solution.
Et on retrouve la suite de l’intrigue du sixième tome où Sœur Marie-Thérèse est au tribunal afin d’être jugée pour terrorisme. Elle accumule des actes de vandalisme, destruction de laboratoire expérimental, agression de chercheurs… La liste des chefs d’accusation n’en finit pas. La partie civile est représentée par : “…La terreur des prétoires, la Pavarotti des barreaux, la Cassius Clay de la cassation… Avec lui, même la Vierge aurait fini sur le bûcher.” Parce que son épouse, pendant l’audience, le prévient qu’elle divorce, l’avocat de la défense se sauve. Sœur Marie-Thérèse se retrouve seule…
Si le scénario est l’œuvre de Maëster, le graphisme se partage, compte tenu de ses gros soucis de santé, entre lui et Julien Solé, qui a su reprendre l’esprit et les formes de cette inénarrable religieuse. C’est un album qui se déguste lentement, qui demande à y revenir tant les vignettes sont riches en détails, en annotations, en ressemblances, en références diverses et variées ayant un rapport avec le cinéma, le Comics, la littérature populaire, les têtes d’affiche des médias…
On y croise une foultitude de personnages. On peut jouer à retrouver qui est croqué, à qui ressemblent les caricatures.
serge perraud
Maëster (scénario et dessin), Julien Solé (dessin), Claude Guth (couleur) & Maria Christina Federico (mises en lumière), Sœur Marie-Thérèse – t.07 : Ainsi soit-elle !, Glénat, coll. “Humour”, octobre 2019, 48 p. – 13, 90 €.