Entre transparence et opacité
Le photographe italien Emanuele Scorcelletti est invité par Leica à exposer une rétrospective de ses œuvres. Après 20 ans à l’Agence Gamma, il n’a cessé d’affiner sa technique de photographies de mode, du paysage, du portrait, du montage. Il aime inventer des histoires.
Nous les suivons à la trace, entre transparence et opacité. Le corps cherche le corps le décor des abîmes aux rayons d’un mince soleil artificiel et s’en dégagent des indices en formes d’intimités.
Ne reste que la compacité d’une surface. Devant le regard, les choses confondent les jours. Des sons, des bruits mais pas au point d’en faire une voix. Reste le battement sourd de portes dérobées.
Les choix techniques du créateur — argentiques ou digitales, négatifs scannés ou tirages bromures, noir et blanc ou expression colorée — ne sont jamais anodins mais le fruit d’une réflexion philosophique et d’un perfectionnisme absolu qui laissent la pensée maîtriser l’espace et le temps en divers jeux de contraires parfois allégoriques là où chaque portrait révèle un aspect caché de celle ou celui qui est saisi.
jean-paul gavard-perret
Emanuele Scorcelletti, Creazioni visibili, Galerie Leica, Francfort, du 22 novembre 2019 au 2 janvier 2020.