Fidelma de Cashel s’attaque à la défense de son ami de toujours, frère Eadulf, injustement accusé d’un crime odieux.
On avait quitté sœur Fidelma de Cashel à la porte de son pèlerinage, lorsqu’elle avait reçu des nouvelles alarmantes de frère Eadulf, un moine saxon pour lequel elle éprouve des sentiments troubles. Aujourd’hui, elle se rend dans le royaume de Laigin, en territoire hostile sous la domination de l’abbé Noé et de l’évêque Forbassach avec lesquels elle a déjà eu des démêlées. Fidelma est un dalaigh des Cinq Royaumes. Une autorité juridique. Elle va devoir faire face à l’irresponsabilité d’un jeune roi sous l’emprise de la religion catholique incarnée par l’inquiétante Fainder, abbesse de Fearna.
De toute évidence, frère Eadulf a été victime d’un complot. Accusé d’avoir violé une novice de 12 ans et de l’avoir tuée, il a été condamné à mort, après la proclamation des pénitentiels, abandonnant les lois coutumières des Cinq Royaumes. Les ténèbres plongent le royaume dans un bain meurtrier. La plupart des acteurs du drame initial et du procès de frère Eadulf meurent ou disparaissent. Sœur Fidelma n’a que vingt-quatre heures pour trouver des preuves à décharge ou un vice de procédure. Pendant ce temps, un de ses lieutenants part à la rencontre de Barran, de la cour du Haut Roi. Lui seul pourra faire régner la loi. La nuit qui suit l’arrivée de sœur Fidelma, Eadulf s’enfuit de sa prison avec une aide extérieure. Pour Forbassach et Fainder, c’est un aveu de culpabilité. Il sera mis à mort dès sa capture.
Derrière tout ça se cache un trafic d’enfants esclaves. De jeunes filles sont achetées à leurs parents pour partir, captives, vers des terres étrangères. L’abbaye est une plaque tournante. Mais Fidelma n’arrive pas à savoir qui tire les ficelles de cet ignoble commerce. Elle doit oublier ses rancœurs et rester maîtresse de ses émotions et remonter, petit à petit, les réseaux de cette organisation. Cela l’amène à découvrir les petits secrets du royaume de Laigin. Sa vie est d’autant plus menacée.
Neuvième épisode des aventures de sœur Fidelma de Cashel, situées en 667 de notre ère, La Dame des ténèbres nous propose un retour en terrain conquis, les Cinq Royaumes. Ici plus que tout, la loi des Fénechus est de rigueur. Pour tous ceux qui s’interrogent sur la signification de ces mots gaéliques, une note historique concise les explique. Le roman en lui-même est un classique de l’investigation où le juridique est pointilleux à l’extrême. Sa construction est elle aussi classique avec une réunion finale où sœur Fidelma déroule l’évolution de son enquête et élimine un à un les différents acteurs de cette histoire avant de dévoiler le nom du coupable - le dernier auquel on aurait pensé.
julien vedrenne
Peter Tremayne, La Dame des ténèbres (traduit de l’anglais par Hélène Prouteau), 10/18 coll. “Grands détectives” n° 4066, juin 2007, 352 p. — 7,80 €. |