Il est des hommes si collants qu’ils deviennent facilement “moulants”. A l’inverse, les femmes en collants de Martine Warner ne le sont pas. Suaves oui. La photographe, en divers déphasages de plans ou d’un grain qui devient pictural, leur offre une légèreté comme une gravité en diverses traces. Toute une narration de ce qui arrive ou qui est arrivé est implicite — peut-être pour que ce qui arrivera encore.
De tels travaux plastiques sont donc des lettres d’amour en hommage aux femmes. Mais des lettres d’amour qui ne s’écrivent pas. L’image arrive pour faire mieux que ce que les mots feraient seuls dans leur coin.
Travestissant le simple miroir photographique, Martine Warner donne à une telle psyché humour ou mystère. Par des insertions ou reprises, c’est parfois une cavalcade, mais parfois la lumière plus noire donne à la nudité promise une densité. Il se peut que des désirs étouffés prennent vie comme si, à coup de griffes, Martine Warner voudrait biffer le passé, trouer la peau de l’inconscient afin qu’il se vide de ses miasmes.
Ou si l’on préfère : ensevelir l’hier et l’émoi de ses heures mauves pourrissant de nostalgie dans l’aujourd’hui. La photographe au besoin s’y réfère et elle n’ignore rien de ses déferlantes mais elle n’en fait pas une montagne montée en neige pour autant.
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Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La vie
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je n’ai pas rêvé étant enfant. J’ai vécu.
A quoi avez-vous renoncé ?
Aux personnes aigries.
D’où venez-vous ?
Du grand Est. D’un pays minier. La Moselle
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Des souvenirs.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Entendre le chant des oiseaux le matin.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
Je ne me compare aux autres. Je m’exprime.
Très féminin. Tendre, retenu et osé à la fois.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
“Le baiser de l’Hôtel de ville.” de Robert Doisneau.
Et votre première lecture ?
“L’homme et la mer.” Charles Baudelaire.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Jazz minimaliste (ex : Uli Feiertag). Du Classique etc.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Le petit Prince.” d’Antoine de Saint-Exupéry.
Quel film vous fait pleurer ?
“La ligne Verte.“de Frank Darabont.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une femme heureuse de vivre.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Personne.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Sarah Moon. James Dean. Bruce Lee. Ninon de Lenclos. Marguerite Duras
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une semaine de vacances avec toute la famille.
Que défendez-vous ?
Le droit de penser.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
On ne peut rien remplir avec du vide.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Allen, Weinstein & Co.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Si vous l’avez oubliée, c’est qu’elle n’était pas d’importance.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 21 octobre 2019.
Bom dia, estimada amiga Martine Warner!
Eu gosei muito de ler a sua entrevista.
Você deu respostas inteligentes. Objetivas e diretas.
Parabéns!
Grande abraço.
Suely Nassif
Merci beaucoup Suely.
Bonjour Martine .j.aime ta sensibilité féminine et ton regard posé sur les emotions qui nous laissent souvent dans le doute du chemin à suivre. Gros bisous
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Merci beaucoup Philippe.
An excellent interview with a very talented lady.
Pauline Corzi
Many thanks Darling.
Des oeuvres troublantes, qui nous emmènent très loin… Comment résister ? Avons-nous d’ailleurs envie de résister ? Toutes mes félicitations.