Adaptation du premier roman de Roberto Saviano, Piranhas est un film qui se prend un peu les pieds dans la tapis tant le réalisateur semble fasciné par la fascination qu’il veut proposer : dès lors, le film à la fois se referme sur lui-même et hésite entre plusieurs registres. La jeunesse rêve de devenir footballeur ou mafieux dans un quartier où les adolescents jouent aux gangsters dans une société italienne atomisée.
Mais tout reste dans un entre-deux qui ne démystifie pas grand chose en dépit de ces intentions.
En conséquence, l’histoire de Camora et de jeunes délinquants possède une efficacité d’apparat qui surfe sur le succès de Gomorra. En voulant déplorer le monde de l’emprise mafieuse, la film épouse la sidération que les jeunes gens éprouvent pour l’argent et les filles faciles. Existe donc une ambivalence ou un manque de choix entre dénonciation naturaliste d’une chronique sociale et illusion romantique avec des rappels évidents au Parrain II.
Par la mise en coupe d’une certaine réalité, Giovannesi tombe dans un film de mafia qui ne propose que parcimonieusement un regard critique. Tout est monté de manière commerciale orientée vers le cinéma de genre au moment où une forme de tragique sociologique est absorbée par du spectacle.
N’est ni Sergio Leone ni Francesco Rosi qui veut. Le film souffre d’un manque de focale suffisamment précise.
Il tente de raconter une sorte de coup d’Etat des jeunes sur la mafia mais rien n’est mené à bout, entre distance et identification.
jean-paul gavard-perret
De : Claudio Giovannesi
Avec : Francesco Di Napoli, Ar Tem, Viviana Aprea
Genre : drame
Date de sortie :5 juin 2019
Durée : 1H52mn
Synopsis
Nicola et ses amis ont entre dix et quinze ans. Ils se déplacent à scooter, ils sont armés et fascinés par la criminalité. Ils ne craignent ni la prison ni la mort, seulement de mener une vie ordinaire comme leurs parents. Leurs modèles : les parrains de la Camorra. Leurs valeurs : l’argent et le pouvoir. Leurs règles : fréquenter les bonnes personnes, trafiquer dans les bons endroits, et occuper la place laissée vacante par les anciens mafieux pour conquérir les quartiers de Naples, quel qu’en soit le prix.
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