Né à New York en 1928, William Klein étudie la peinture et travaille brièvement à Paris comme assistant de Fernand Léger mais n’a jamais appris la photographie. Son travail de mode fit les beaux jours de Vogue et a été reproduit dans plusieurs livres dont Life is Good et Good for You. A partir de 1980, il se tourne vers le cinéma et produit des films mémorables dont The Greatest sur Mohamed Ali. Il vite actuellement en France et ses photographies sont présentes dans les collections des plus grands musées dont le Moma.
Pour ses 90 ans, William Klein a sélectionne ses œuvres qu’il considère comme les meilleures. Celebration propose donc une visite de ses photographies prises à New York, Rome, Moscou, Madrid et Paris, en noir et blanc ou en couleurs. Le livre comprend également un texte de l’auteur dans lequel il réfléchit sur l’art photographique et explique ce qui l’a poussé à faire cette sélection personnelle.
Celebration montre pourquoi l’œuvre de Klein est l’un des sommets de la photographie contemporaine. Elle reste volontairement barbare dans sa fausse trivialité, dans son fallacieux esthétisme. Seule la nécessité commande. Celle de l’errance du corps et de la photographie en-deçà du brouhaha d’un postmodernisme de façade. C’est pourquoi et afin de bien voir ces photographies il faut accepter le saut au-dessus du vide urbain caviardé de mouvements et de bruits implicites.
Il faut aussi admirer un espace à la fois infini et ténu. D’où la superposition d’une continuité et d’une similitude. Ou la substitution d’une similitude à une continuité défaillante.
L’épars et l’homogène. Flux persistant, dispersion insistante. A la mesure du corps, l’image n’a pas de fond.
La rupture se situe au sein de l’avalanche qu’elle produit.
jean-paul gavard-perret
William Klein, Celebration, Texte de l’artiste, Editions La Fabrica, Canada, 2017, 128 p. — 40, 00 €.