Jean-Claude Bélégou, pour sa nouvelle série, s’est inspiré des Pièces Tardives de Franz Liszt. Devenu clerc, il les composa à la fin de sa vie. “Je l’écoutais a volo tout cet hiver et surtout la Czarda obstinée ou obsédante, sorte de danse macabre, à la fois sombre puisque mortuaire cependant ruisselante de vie puisque danse, inspirée de la tradition hongroise.” précise le photographe.
Il trouve là de quoi faire écho à des paysages hivernaux “aux rives noyées et inondées, aux lumières douces et grises, aux teintes ocres et brou de noix des arbres morts et des herbes fanées, à la vase dégorgeant d’eau et aux pierrailles jonchées de débris et déchets.” ajoute le photographe. En conséquence, il trouve une “matière” afin de poursuivre un travail entamé dans sa série précédente.
Jean-Claude Bélégou s’y fait plus sombre. Il quitte son jardin d’Eden du presbytère qu’il avait acheté pour vivre et évoquer (entre autres) ses amours et les paysages minimalistes, arides mais solaires de friches industrielles des côtes normandes du côté du Havre. L’univers devient plus âpre, plus marécageux comme s’il s’agissait de retourner dans les miasmes d’une vie en gestation ou en déréliction.
Il ne faut pas forcément y rechercher à tout prix un appel à un pacte écologique mais surtout une évolution au moment où le portrait disparaît au profit d’un paysage hivernal. Il donne substance à une certaine dérive du temps.
Visions intérieures et extérieures se rejoignent comme toujours en une telle oeuvre. Elle épouse par son esthétique un chemin existentiel à portée collective.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Bélégou, Pièces Tardives, voir le site de l’artiste.