Orphée (Jean Cocteau / César Duminil)

Fran­chir les portes de l’au-delà

Un homme dort dans une pièce au décor des­siné sur les murs, de façon impar­faite, comme par un enfant qui aurait usé de gros traits. Un che­val dicte grâce à un ouija des lettres à Orphée, qui vénère les facul­tés poé­tiques de son équidé. Eury­dice se plaint de son mari, dont la nou­velle lubie artis­tique l’éloigne d’elle. Épris de son nou­vel oracle, il entend iden­ti­fier la poé­sie à ces pré­mo­ni­tions ellip­tiques, iro­ni­que­ment pré­sen­tées comme sur un écran de télé­vi­sion.
Une his­toire pour les grands racon­tée comme pour les petits, avec verve et dyna­misme. Les per­son­nages peuvent fran­chir les portes de l’au-delà, la mort elle-même vient pro­me­ner sa longue sil­houette sur scène. Le conte fan­tas­tique de Coc­teau est pré­senté avec vita­lité au moyen de pro­cé­dés sym­bo­liques drô­le­ment efficaces.

On assiste à une tra­gé­die tour­née en comé­die par la déri­sion dont use la scé­no­gra­phie. Les remarques miso­gynes sont désa­mor­cées par la mise en scène. Il s’agit de la réin­ter­pré­ta­tion poé­tique, un brin exis­ten­tielle du mythe d’Orphée et Eury­dice : une écri­ture pro­saïque et ludique, qui fait du pro­pos une jolie par­ti­tion d’images et de figures. Une fable plai­sante sur nos aveu­gle­ments et nos ater­moie­ments.
On a plai­sir à voir les comé­diens se répondre et se délec­ter de leur propre jeu, lim­pide, animé, porté par une belle verve col­lec­tive. Une démarche épu­rée, qui porte le genre à sa per­fec­tion : dans le cadre limité d’un petit pla­teau, d’une his­toire sim­pli­fiée, la troupe est enjouée et bien ins­pi­rée. Un bel hom­mage rendu à ce texte aux accents de comp­tine, un drame au ton déli­cieu­se­ment burlesque.

chris­tophe gio­lito et manon pouliot


Orphée

de Jean Cocteau

Mise en scène : César Duminil

© James Alexan­der Coote

Avec : Yacine Benya­coub, Jéré­mie Cha­nas, César Dumi­nil, William Lot­tiaux, Ugo Pacitto et José­phine Thoby

Assis­tance à la mise en scène Clark Ranaivo ;scé­no­gra­phie César Dumi­nil ; décors Edouard Dumi­nil et Léo Cior­nei ; cos­tumes Blanche Abel ; lumières Pierre Saint-Léger

Au Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre-Dame-Des-Champs, Paris 6ème 01.45.44.57.34

Du mardi au samedi à 18h30 et le dimanche à 15h00

Du 6 février au 24 mars 2019. Durée 1h05

Leave a Comment

Filed under Théâtre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>