Une histoire loufoque, digne d’un Donald Westlake, qui part dans tous les sens et à toute allure. Pas un temps mort !
Jérôme Thibaut de Grangeneuve ne doit son statut de directeur des programmes d’une grande chaîne de télévision qu’à sa femme dont les parents, bourgeois fortunés, rêvaient d’un gendre à particule. Il va sans dire que ses compétences sont assez limitées et se résument à rendre dépressifs et suicidaires ses collaborateurs. Par ses frasques, sa femme finit par se révéler à elle-même au travers d’un amour d’enfance tandis que lui croise la route d’un pauvre scénariste, Pascal, qu’il va débaucher pour fomenter le meurtre d’un des dirigeants de TéléMax.
Pascal passe son temps à se défouler en assassinant sur le papier toutes ses connaissances de la chaîne de télé pendant que sa femme est à la maternité. Il sombre dans une espèce de déchéance qu’accroît le départ de sa compagne, lassée — et on la comprend — de voir combien son écriture le vampirise. Pendant ce temps, une lolita asiatique, Kim, hante les rêves du macho Jérôme. Ce dernier veut conclure mais Kim n’est pas ou peu joignable sur son portable et ses apparitions tombent, au grand dam de Jérôme, comme un cheveu sur la soupe. Mais le péché de la chair est le plus fort et Jérôme suit ses instincts au péril de sa vie professionnelle et familiale.
Le décor est planté. L’histoire, loufoque et digne d’un Donald Westlake, part dans tous les sens et à toute allure. Il n’y a pas un temps mort, pas une baisse de tension. On est embarqué à la suite de Jérôme et de Pascal dans cette dégénérescence à cent à l’heure. On est touché par ces tueurs amateurs. On sent qu’ils courent droit à l’échec et leur folie destructrice est risible. Malgré tout ça, on croit comprendre les ficelles de Colin Thibert alors que ce dernier a toute une ribambelle de cordes à son arc. Bien sûr la fin est prévisible mais… lors du dénouement ce sont encore nombre de rebondissements qui nous sautent à la gorge et nous font regretter que notre lecture soit finie. Et puis que dire du style, de l’écriture… Elle semble facile, déliée et à la fois forte. Bref, ce roman est à lire !
julien védrenne
Colin Thibert, Barnum TV, Gallimard Série Noire n°2697, 2004, 219 p. — 7,00 €. |