Voyages et aventures débridées
U.C.C. Dolores (Unité Cosmo Corsaire) est une bande dessinée de pure science-fiction, un space opera dont l’action se déroule aux confins de l’univers. Pour animer sa trilogie, Didier Tarquin a créé deux personnages bien différents mais que leurs différences attirent mutuellement.
Il imagine nombre de péripéties mettant en scène des personnages inspirés de toute la culture populaire, tant de la bande dessinée, de la littérature que du cinéma, du Petit Chaperon rouge, à La Guerre des étoiles, de la saga de Blueberry à Albator… C’est ainsi qu’il place un loup face à Mony, un monstre proche de celui des premiers épisodes de Star wars. Il anime un énigmatique robot livré avec le vaisseau, une machine qui semble tout connaître de son histoire et qui réserve, à n’en pas douter, de belles surprises.
Mony a dix-huit ans. Elle doit quitter le couvent où elle a vécu, coupée du monde, depuis qu’elle a été recueillie bébé. La Mère supérieure lui remet alors son héritage, une vieille sacoche qui était à ses côtés lorsqu’ elle a été trouvée. Quand elle sort, elle entend, venant d’une petite boîte, la chanson Happy Birthday... Elle l’ouvre, trouve un message “Prends soin de Dolores” et une clé. Dans le service des consignes où le chauffeur de taxi l’a amenée, elle découvre un vaisseau de guerre dénommé Dolores, une unité corsaire de l’armée confédérée.
Comme elle doit enlever le vaisseau le jour même, il lui faut recruter rapidement un pilote. Les agents de la consigne lui vendent une adresse dans un lieu inquiétant. Naïve, perdue, elle est capturée par un extraterrestre qui ressemble à un loup. Il veut en faire cadeau à un caïd du coin pour effacer sa dette. Elle est sauvée par Kash, un baroudeur qui, la voyant, s’écrie “Jessy”. Ils prennent possession du navire après une révision avortée. Or, ce vaisseau a appartenu à un corsaire qui a laissé de très mauvais souvenirs dans la contrée, mais qui aurait le plus gros trésor qui ait jamais existé. Et la probable réapparition de ce trésor va exciter des convoitises…
Son héroïne, venant du couvent des Nouveaux pionniers, reste imprégnée de ces dogmes qu’on lui a ressassés depuis sa plus tendre enfance, des acquis qu’elle régurgite mais qui viennent parfois en contradiction avec l’inné. Elle semble avoir un lien très fort avec cette terreur intergalactique, le colonel Mc Monroe, lien qui a sans doute laissé des traces dans sa personnalité, traces qui peuvent surgir à tout moment.
Tarquin signe des dialogues truculents, percutants en liaison avec des faits de sociétés : “Tu veux sauver du miséreux, c’est ça ? Alors, saches une chose, gamine, c’est que la pègre colle toujours aux crève-la-faim, pire qu’un morbak sur la couille d’un Burnock.”
En tant que dessinateur, il donne aussi le meilleur de lui-même, réalisant des décors grandioses, des gros plans attractifs, des effets de perspective fort bien venus et une galerie d’extraterrestres bigarrée. Il propose ainsi une remarquable image de la planète qu’ils quittent avec le vaisseau, une planète entourée d’un nuage de débris divers et variés comme celui qui se constitue et se développe rapidement autour de la Terre.
La colorisation est assurée par Lyse Tarquin qui maîtrise parfaitement sa palette, donnant aux différents décors des tons toniques, d’une grande beauté. Elle a également participé à l’album donnant des conseils sur certains points, modifiant des détails qui ont pu échapper au dessinateur et qu’il était bon de corriger.
Un premier tome captivant, servi par un scénario fort plaisant et un graphisme fort réussi.
serge perraud
Didier Tarquin & Lyse Tarquin (scénario, dessin, couleur), U.C.C. Dolores — t.01 : La Trace des Nouveaux pionniers, Glénat, coll. “24X32 (Glénat BD)”, janvier 2019, 48 p. – 13, 90 €.