Depuis quelques mois la nouvelle ligne éditoriale de P.O.L se dessine. Citons récemment le Doggerland de Béatrice Filhol par exemple. L’écologie sous diverses formes devient le pôle d’attraction de la nouvelle équipe. Elle propose diverses dystopies face au monde tel qu’il devient.
Ici, à Walla Walla, dans un futur presque présent, sur des parkings désaffectés, à la télévision où un pasteur explique le monde comme il va ou au moment où le soleil se couche dans les fumées de barbecue sur des pelouses contrôlées lorsqu’ un souvenir devient trop vivace surgissent toujours de bonnes âmes, comme celle du “Psychotek” prescripteur de séances de méditation post new-age.
Dans un récit à voix multiples le monde est pris d’une folie en espérant se sauver. Le couple majeur cherche à résoudre ses difficultés amoureuses par les réseaux sociaux, les plateformes numériques. Une autre déplace les rapports familiaux vers un dispositif technologique. Quant au Psychotek, il programme des psychothérapies virtuelles faite de simulations d’analyse, de coaching. Ce maelstrom de sauveurs prétendent régler le sort du monde.
Pas sûr que nous soyons enthousiasmés par ce qui est sur le point d’arriver là où le monde se touille entre métaphysique et technologie à coup de prêches et autres farces. Mais — au moins — le roman sort de ses configurations classiques.
La fiction engage ici une course de vitesse contre le futur mais les “espérances” que l’auteure propose pour la survivance de l’espèce laisse dubitatif. Mais c’est là un exemple parfait de fiction pour état de crise. Les héros ont la parole belle et en jouissent, mais ceux qui les écoutent risquent de le sentir passer.
jean-paul gavard-perret
Elsa Boyer, Walla Walla, P.O.L Editeur, Paris, 2019, 192 p. — 16,00 €.