Luc Brunschwig, Olivier Neuray, Makabi — Tome 4 : “Juke box”

Un début toni­truant, pour le second cycle de la série, dédié à la psy­ché de Makabi !

On avait beau­coup appré­cié le pre­mier cycle de cet aty­pique Makabi chez Dupuis, et c’est en toute légi­ti­mité qu’on était un rien anxieux à l’idée d’un second cycle pou­vant rompre avec la magie sus­ci­tée par cette série jusqu’ici. Autant dire qu’on est ras­su­rés, et même plus que cela, avec ce “Juke Box” qui trans­cende les valeurs et l’intérêt de Makabi, par la grâce d’un scé­na­rio tout en flashes back.

Le scé­na­riste Luc Brun­sch­wig ne se com­plaît pas en effet dans la faci­lité et rem­porte ici haut la main le pari ris­qué de faire péné­trer le lec­teur plus avant dans les méandres psy­cho­lo­giques de l’esprit tor­turé du sieur Makabi. Ce der­nier, de son vrai nom Lloyd Sin­ger, fluet comp­table intro­verti du FBI (et spé­cia­liste du com­bat à mains nues, eh oui !) vient d’accepter la pro­po­si­tion de l’agent La Bianca, avec qui il a tra­vaillé sur le “Dos­sier Zéna”, de deve­nir un “vrai” agent de ter­rain en sui­vant une for­ma­tion à l’académie du FBI à Quan­tico.
En paral­lèle, La Bianca le convainc d’entrer en contact avec Patsy Lee Pump­kin, une jeune femme défi­gu­rée, seule vic­time sur­vi­vante d’un serial killer sur­nommé “La chan­son douce” et qui refuse qu’on l’approche.

Brun­sch­wig déve­loppe alors un récit rami­fié tout en rup­tures, pas tou­jours bien servi par une colo­ri­sa­tion fadasse d’ailleurs (seul point de regret en ce qui nous concerne), où Makabi se retrouve sou­mis à de nom­breuses pres­sions de la part des sta­giaires vio­lents et sec­taires de Quan­tico, ce qui fait que l’infortuné replonge dans un passé dou­lou­reux pour voir res­sur­gir ses vieux démons. Entre bri­mades et insultes.
Curieu­se­ment - mais c’est le charme de l’album - l’intrigue de départ devient secon­daire et s’efface pour lais­ser place à une mise en abîme des tour­ments iden­ti­taires du héros sou­dain très bor­der­line, à la limite de la schi­zo­phré­nie, inca­pable de s’assumer sans un masque — à l’instar de la jeune femme défi­gu­rée par le tueur fou. Les aller et retour dans le temps se mul­tit­plient donc pour faire entendre au curieux, ama­teur de puzzle, la douce mélo­die de l’histoire bigar­rée de Lloyd Singer.

Dans tous les cas et pour tous les per­son­nages prin­ci­paux, plus dur sera le retour à la (bonne ?) vieille réa­lité. Et nous, dans notre coin, nous en sommes ravis.

fre­de­ric grolleau

   
 

Luc Brun­sch­wig, Oli­vier Neu­ray, Makabi — Tome 4 : “Juke box”, Dupuis, 2007, 48 p. — 9,80 €.

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