Guillaume Dustan, Dans ma chambre

Le pays où tout est permis

Qu’on ne s’attende pas ici à un Voyage autour de ma chambre à la De Maistre. Il est vrai que les temps ont changé. Et les focales avec. Et Dus­tan de pré­ci­ser son pro­jet à tra­vers une affir­ma­tion de Fran­cis Bacon : « Je veux sim­ple­ment peindre un per­son­nage dans sa chambre. Ce qui m’intéresse davan­tage c’est sai­sir dans l’apparence des êtres la mort qui tra­vaille en eux. »
Dans le lieu plus ou moins secret du nar­ra­teur, tout se trame en étreintes répé­tées, vio­lentes heu­reuses, tra­giques, déri­soires, qu’importe. Nous sommes plon­gés dans le milieu homo­sexuel où très sou­vent ceux qui se sont libé­rés du poids que leur sexua­lité, via des siècles de répres­sion, fait peser sur eux partent à la recherches de plai­sirs en des nuits de drague au milieu des bars du Marais.

Le livre reven­dique une vérité d’incorporation au sens pre­mier du terme. Et ce, en des noces de sang et de sperme. La chair s’y défait visuel­le­ment — preuve que Bacon et ses images ne sont jamais loin. La chambre et les lieux connexes (bars) deviennent le pays où tout est per­mis. Une telle intros­pec­tion sent le souffre et le souffle.
Dus­tan ose la por­no­gra­phie au sein d’une lit­té­ra­ture bru­ta­liste qui est atté­nuée par l’ironie. L’aube des matins s’y fait cré­pus­cu­laire. Le cha­cun pour soi règne en maître dans ce qui tient de la vie comme exer­cice d’un fiasco mais aussi d’une oeuvre d’art dont l’acte compte plus que le résul­tat.
 

jean-paul gavard-perret

Guillaume Dus­tan, Dans ma chambre, réédi­tion, P.O.L édi­teur, Paris, 2019 — 9,00 €.

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