Sans changer de son cap d’exigence, la Galerie Thierry Bigaignon entame 2019 avec un nouveau projet « Matters that matter » (les sujets qui importent). Seront invités de façon régulière les artistes étrangers. Ils exposeront pour la première fois à Paris en portant des sujets forts. La photographe australienne Tobi Wilkinson ouvre le bal avec son son travail sur les moines Gyuto du Tibet. Leur ordre (fondé en 1475), est l’un des principaux collèges tantriques.
La créatrice a travaillé neuf ans au monastère afin de parvenir à saisir l’essence du lieu. Le fait de sa différence en tant que femme et occidentale lui a permis de voir de manière originale, précieuse, surprenante et minimaliste des êtres qui s’engagent dans un tel parcours spirituel.
Ses photographies prouvent combien l’apprentissage est intense et difficile. La vie des moines est faite de rituels durs, répétitifs — passages obligés de leur pratique spirituelle. Ils sont inhérentes à la nature ésotérique des études qu’ils entreprennent souvent très jeunes. Le résultat du travail est exceptionnel.
Guyto est un assemblage d’images prégnantes. Elles soulignent l’opposition entre l’impermanence de la vie et la continuité d’une tradition inaltérée depuis 600 ans.
Le projet de vie des moines se “lit” en de telles images ni complaisantes, ni purement “saintes”. S’y dégage une forme de sérénité — avec parfois une pointe d’humour — d’un regard décalé, attentif et juste. La photographe reste au service de la cause et du lieu.
Au dévouement des moines fait écho celui de l’Australienne acquise à un sujet qui la touche. Elle en traduit la spiritualité et l’engagement de manière intense, réaliste et poétique.
jean-paul gavard-perret
Tobi Willkinson, Gyuto, Galerie Thierry Bigaignon, Paris, du 5 janvier au 2 février 2019.