La comtesse de l’art contemporain
Sophie Guermès décrit de l’intérieur les instants majeurs de la vie de Palma Bucarelli. Femme d’exception, superbe, cultivée, altière et volontaire à plus d’un titre, elle sauva les peintures et sculptures de la Ville Eternelle des bombardements et pillages lors de la Seconde Guerre Mondiale. Elle joua ensuite un rôle essentiel comme directrice de la Galerie nationale d’art moderne de Rome.
D’une beauté sans pareille, elle aurait pu être actrice pour Antonioni mais elle préféra demeurer comtesse de l’art contemporain. Sans elle, Rome ne serait plus dans Rome et serait restée sur le plan artistique à la remorque de la modernité.
Dans ce roman vrai, l’auteure écrit les luttes, les vexations, les humiliations, mais aussi et surtout les victoires et la sérénité d’une femme libre qui s’éloigne peu à peu de la guerre et des souffrances pour entrer de plain-pied dans son siècle. Sophie Guermès sait faire la part les choses : son écriture se fait âpre et dure dans les moments où le lamento se serait imposé chez beaucoup. Elle se fait lyrique plus dans les moments creux que dans les instants de bravoure.
Pour ce travail de mémoire, la fiction est choisie en lieu et place de la biographie. Il y a là un véritable scénario (dialogue compris) de film ou télé-film. Mais le choix de la romantisation permet aussi de souligner combien la vie de la Bucarelli fut un conte. Et ce, au sens plein avec ce que le genre draine de douleurs et d’enchantements.
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jean-paul gavard-perret
Sophie Guermès, Bucarelli-Roma, Les Editions du Littéraire, Paris, 2018, 166 p. — 19,00 €.
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