Un combat de titans entre nature et machine…
Dans cette trilogie, les auteurs dépeignent la lutte, la guerre entre la nature et la technologie créée par les humains, le combat entre une faune, une flore et une Intelligence artificielle. Entre ces deux ennemis, l’Homme, qui a construit le second, peut-il trouver sa place auprès du premier ?
L’Intelligence artificielle porte le nom d’un des Titans de la mythologie grecque dont le nom signifie celui qui pense, celui qui sait. Vaincu au terme de la Titanomachie, Koïos a été enfermé dans le Tartare, l’endroit, selon Homère, le plus profond des Enfers. Les auteurs s’appuient sur cette mythologie avec les Myrmidons qui étaient des soldats très puissants. Leur intervention était décisive dans une bataille.
Sonntag est la capitaine du Glory, un vaisseau spatial parti de la Terre pour une station balnéaire, un voyage de 27 jours. Il s’est écrasé 179 ans après sur Kayenn, une planète à la végétation hostile. Dans la carcasse du Glory, Koïos exhorte sa troupe de Myrmidons. Ils doivent accompagner Sonntag dans la conquête de la planète pour en faire la tête de pont d’un empire. Sonntag est sorti du village fortifié. Il suit Luz, la sœur mutique de Sara. Cette dernière n’a d’autre choix que de les suivre car le Premier, celui qui s’est arrogé le titre de chef, n’aura pas de pitié pour leur dissidence. Kayenn réagit à cette intrusion et une tempête se lève. Mais Luz, qui communique avec la forêt, les protège. Celle-ci veut rompre le lien unique qui existe entre Koïos et Sonntag, entre un homme et une entité virtuelle.
Dans le Glory, le nain Trois-Pommes s’est rendu maître de Premier en le paralysant après l’avoir drogué. Il le connecte à Koïos. En découvrant des véhicules blindés envahis par la sylve avec, près de chacun, les squelettes d’un adulte et d’un enfant Sonntag et Sara comprennent que Koïos a voulu communiquer avec Kayenn. Elle a envoyé des enfants pour que la planète se matérialise comme elle-même l’a fait avec Sonntag.
C’est Luz qui est l’élue…
Si ce second album apporte quelques lumières dans la lutte de titans entre le vaisseau et la planète, sur les individus qui sont manipulés ou qui manipulent, l’intrigue touffue se déchiffre avec attention. Elle demande une certaine concentration pour suivre son évolution, une évolution cependant riche, non en coup d’éclats, combats sanglants, mais en révélations sur les deux entités qui se font face, qui se combattent et sur les champions qu’elles se sont choisies.
Mais, au-delà de l’intrigue, l’album vaut par le dessin d’Éric Stalner et la mise en couleurs de Florence Fantani. Ils signent des planches magnifiques, une forêt dantesque, avec une mise en page, ô combien !, dynamique, montrant la force des éléments et celle des protagonistes avec une multitude de petites vignettes flashant sur un visage, sur un regard, sur une dentition…
Ce second volet fait attendre avec une certaine tension la suite et fin dans le troisième tome à paraître incessamment.
serge perraud
Cédric Simon & Éric Stalner (scénario), Éric Stalner (dessin), Florence Fantini (couleur), Exilium – t.02 : Kayenn, Glénat, coll. “Grafica”, août 2018, 48 p. – 13,90 €.