Bernd Heinrich, Survivre à l’hiver

Un nou­veau Thoreau

Les Edi­tions José Corti, de plus en plus, cherchent à mêler une poli­tique (au sens large) de la défense de notre terre à la haute lit­té­ra­ture. Avec Sur­vivre à l’hiver com­mence la publi­ca­tions des trois “clas­siques” de l’auteur amé­ri­cain Bernd Hein­rich, pro­fes­seur de bio­lo­gie à l’Université du Ver­mont et homme de ter­rain et du monde. Aux dérives des pré­ten­tions post-humaines de savants fous de la Sili­cone Val­ley, il oppose les ani­maux et leur capa­cité à sur­vivre aux condi­tions extrêmes sans sac­ca­ger ni détruire l’environnement.
En contre-flux, l’homme post­mo­derne appa­raît tel un pré­da­teur bien plus cou­pable et pré­da­teur que les grizz­lys, les tor­tues, les insectes capables de résis­ter an froid. L’auteur ana­lyse les res­sources ali­men­taires dis­po­nibles dans un hiver extrême en prou­vant com­ment des com­po­si­tions  chi­miques qui n’entravent en rien le sys­tème natu­rel per­mettent de sur­vivre. En nou­veau Tho­reau, l’auteur rap­pelle à l’être humain des savoirs incon­nus ou oubliés et, entre autres, com­ment et en dépit des exi­gences rigou­reuses de l’hiver, la vie avance et perdure..

Auteur de plu­sieurs ouvrages sur le com­por­te­ment, la bio­lo­gie, l’écologie et évo­lu­tion, l’auteur d’origine polo­naise s’inscrit — sans tom­ber for­cé­ment dans une idéo­lo­gie spé­ciste — en une approche ori­gi­nale et cir­cons­tan­ciée. Le com­por­te­ment des ani­maux amène des pistes capables d’ouvrir ‚ loin du mythe du bon sau­vage, une trans­mis­sion riche d’enseignements excep­tion­nels face à cer­tains délires qui portent de fait le deuil de qui nous sommes ou de qui nous deve­nons.
Le livre (abon­dam­ment illus­tré) crée des fian­çailles pro­bantes avec un monde consi­déré comme hos­tile et qui l’est bien moins que celui — ter­ri­fiant — que d’autres pro­posent voire espèrent. Il existe là un com­bat pour les géné­ra­tions qui suivent au nom d’une res­pon­sa­bi­lité ori­gi­nale. L’auteur ranime, dans ce retour, à ce dont la nature fait cadeau même dans ses condi­tions les plus extrêmes.

Au témoi­gnage se mêle une poé­sie essen­tielle. Celle du vivant et de cer­taines res­sources que Hein­rich mobilise.

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jean-paul gavard-perret

Bernd Hein­rich, Sur­vivre à l’hiver, Edi­tions José Corti, coll.“Biophilia”, tra­duit de l’anglais par Ber­trand Fillau­deau, Illus­tra­tions, Paris, 2018, 386 p. — 25,00 €.

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