Au tout début du XXe siècle, dans le nord de la république du Transvaal, un groupe d’individus, mené par un Australien, enlève l’épouse et les filles du général Van Arpeels, massacrant tous ceux qui se trouvent là.
Winston Churchill, correspondant de guerre pour le Morning Post, fait connaissance avec deux individus venus chercher de l’or au Transvaal, ce pays qui en regorge. Le train où ils se trouvent est attaqué. Le chef des assaillants demande aux deux chercheurs d’or de le suivre, de monter en croupe derrière des cavaliers. Ils constatent qu’ils vivent une aventure singulière, telle leur rencontre à Paris, deux mois plus tôt. Ils ont croisé Kruger, le président du Transvaal en exil, qui leur a confié une mission. Mais, pour l’heure, c’est une surprise qui les attend lorsqu’ils arrivent près de ruines, quand le chef enlève le foulard qui masquait son visage. Il s’agit d’une femme, d’une fille de Van Arpeels. Parmi tous les cadavres, un survivant mal en point livre quelques explications sur ce qui s’est passé. Bien malgré eux, les deux hommes vont se trouver entraînés dans une succession de péripéties qu’ils n’imaginaient pas. Mais, parfois, que ne ferait-on pas pour une paire de beaux yeux…
L’action se déroule lors de la seconde guerre des Boers contre l’Angleterre. Ces fermiers, descendants des premiers colons d’origine néerlandaise, allemande, de huguenots chassés de France, avaient établi un régime de proximité avec les tribus autochtones, le peuple Zoulou. L’esclavage n’était pas de mise. Mais ce territoire regorge d’or et cette richesse aiguise les appétits. L’Angleterre de Victoria est la première à vouloir piller, comme elle fait partout dans le monde, cette richesse.
Churchill, bien qu’ayant échoué à se faire élire, n’exprime-t-il pas l’opinion de Londres : “Et vivement que notre armée prenne le contrôle de cette terre africaine indispensable à la bonne santé financière de la City de Londres !” Les Anglais pratiquent, pour ce faire, une politique de la terre brûlée, détruisant près de trente mille fermes.
Jean-Claude Bartoll propose une sorte de western sud-africain, mêlant tous les ingrédients des récits d’aventure. Le choix du cadre et de la période lui offre toutes possibilités de développer batailles, combats, attaques de train au cœur de grands espaces, animaux sauvages en liberté. Il dévoile aussi l’envers du décor, les camps de prisonniers qui ressemblent, à s’y méprendre, à des camps de concentration, la racaille employée pour leurs basses œuvres…
Le dessin réaliste de Bernard Köllé est synthétique, allant vers l’essentiel pour exprimer les émotions des protagonistes, mettre en scène, attaques, combats, en tous genres. Son trait efficace met en valeur chaque élément de l’histoire.
Ce premier tome riche en rebondissements, dans un cadre peu courant, avec une galerie de personnages aux potentiels intéressants se lit avec beaucoup de plaisir.
serge perraud
Jean-Claude Bartoll (scénario), Bernard Köllé (dessin) & Vladimir Davidenko (couleur), Les Aventuriers du Transvaal : t.1 — L’Or de Kruger, Glénat, coll. Grafica, août 2018, 48 p. – 13,90 €.