Vanessa Winship, Chronicle and fiction (exposition)

Vanessa Win­ship à Milan

L’artiste anglaise pro­pose de la manière la plus pudique pos­sible ses émo­tions à tra­vers ses voyages — entre autres aux USA. La pho­to­graphe sai­sit ce que le hasard lui pro­pose. Chaque être ren­con­tré, chaque pay­sage choisi ajoute une touche impres­sion­niste à un ensemble grave et envoû­tant. En noir et blanc et en plan large et lit­té­raux, chaque prise touche une étrange inti­mité et accroche le regard.
Les rap­ports entre les corps figés et les pay­sages plus ou moins lais­sés à l’abandon créent l’espace scé­nique fas­ci­nant et aride d’un céré­mo­nial délétère.

La sai­sie du banal est opé­rée avec le res­pect pour ce que Bau­de­laire appe­lait “la tri­via­lité posi­tive”. En émane une dimen­sion oni­rique créée — para­doxe suprême — par la réfé­rence au réel le plus dur et sans nul recherche d’effets. La scé­no­gra­phie reste sobre, mini­ma­liste. Vanessa Win­ship ne triche pas. L’émotion passe par le filtre impla­cable de la rete­nue esthé­tique. Elle pro­voque l’apparition d’un lyrisme étrange. Il ouvre une faille par­ti­cu­lière dans la vision des êtres et du monde comme dans le rap­port à l’effet miroir que la pho­to­gra­phie géné­ra­le­ment entre­tient avec celle ou celui qui la regarde.
D’où cette expé­rience rare de la sen­sa­tion d’indistinction du corps au monde.

jean-paul gavard-perret

Vanessa Win­ship, Chro­nicle and fic­tion, Mica­mera, Milan 20–21 octobre 2018.

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Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Echos d'Italie / Echi dell'Italia

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