L’en vert et l’endroit : Christian Viladent
Les sculptures métalliques de Christian Viladent éclaircissent la verdure, enjambent le jardin même si en octobre la nuit vient de plus en plus vite. Mais à la maigreur des arbres qui se dévêtent répondent les structures : nous sommes invités à ciel ouvert dans un salon baroque et plein d’humour. Le jardin n’est en rien amputé de son charme : y croissent des secrets où le monde s’échappe d’une œuvre à l’autre afin qu’une poésie voyage derrière les haies et dans les morceaux de fer qui renaissent.
Bref, quand au réveil les oiseaux sont encore là, un chien se cache dans un coin et la pelouse est inondée de fer. L’air y ricoche, serpente, vole et seule une balancelle pleure légèrement à quelques mètres de là. Le regardeur part en voyage sans se brûler les ailes face à celles d’acier qui lui font face ou aux cactus qui n’ont pas besoin d’eau et s’enracinent dans leur silence. Avec ses outils, l’artiste a tranché afin que certains totems ne soient plus jetés aux orties.
Se fixent d’improbables signaux et des cairns se fondent dans le paysage. Il y a paradoxalement en eux la lenteur des sèves : leur heure pointe, vous pouvez être rassurés. Christian Viladent prouve que rien ne se perd et tout se recrée. Le métal permet soudain de nous surprendre avec des évidences inattendues sous la voûte des cèdres. Une sonate des formes s’élève doucement avec le rêve comme guide, là où l’artiste met un peu d’ordre dans la marmite des utopies
jean-paul gavard-perret
Christian Viladent, Fer en vert, exposition, 376 rue Bonne de Bourbon, 73000 Chambéry, 6–7 octobre 2018.