Au sein du MAD (salon des pratiques éditoriales contemporaines, grand rendez-vous annuel centré sur la figure de l’éditeur organisé à la Monnaie de Paris sur 900 m2), Gianpaolo Pagni présente des livres qui ne sont pas des catalogues, mais des livres d’artiste, des œuvres en soi. Il en est l’auteur, le concepteur et l’éditeur. Leur tirage est à chaque fois de 100 exemplaires. Toutes ces éditions sont strictement liées à des séries de dessins que l’artiste nomme habituellement « dessins aux tampons » . Ils brillent de leurs feux de couleurs, de leur géométrisme minimaliste épuré. Faux baroque, moderniste « attardé » mais en avance sur beaucoup, l’Italien installé à Paris accepte de telles définitions.
Dégagé du poids des apparences, il retient l’essence et la clarté. Sceptique sans doute mais en rien ironique ou cynique, l’œuvre propose des suspensions du réel même si, pour lui, peindre n’a rien d’une expérience purement métaphysique : c’est être dans les choses. L’abstraction n’est donc pas épure spirituelle mais condensation perceptive. Quelques volutes ou quelques courbes sur un fond monochrome suffisent à créer une concentration du regard.
L’objectif de Pagni n’est pas de représenter mais de fournir un regard affûté. Loin de tout maniérisme, il se voudrait un Cézanne de l’époque postmoderne. . Comme lui, il émancipe l’art de la nature. Sa peinture n’est donc pas abstraite à la manière de Stella. La force du tableau tient à sa qualité de surface et de matière : l’éloge de la nature passe par là, par cette nécessaire « platitude ».
jean-paul gavard-perret
4ème M.A.D. au Musée de la Monnaie de Paris 14, 15, 16 septembre : 4ème édition des Multiple Art Days-MAD.