Pendant que Pierre Falderault, alias Pif, met le dernier coup de pinceau sur Le Repos du Guerrier sur un panneau ovale, toute la famille parie sur le nombre de jours de retard pour partir en vacances. Arrive Benoît, le garçon de courses de l’éditeur qui passe, mais sans trop y croire, récupérer la couverture et les dernières planches de la nouvelle série de Pif. À sa grande surprise celui-ci lui annonce qu’il a fini.
Toute la famille se réjouit à cette nouvelle, d’autant que cette année, fini le camping. Ils ont acheté une villa Clé sur porte. Pour l’instant, c’est le frère de Pierre qui a payé. Il le remboursera plus tard. Roland, l’éditeur, est si satisfait de l’album qu’il veut en faire un gros tirage et une promotion spéciale. Il faudrait un poster pour compléter les actions de communications, un poster à faire immédiatement et qui réclame plusieurs jours de travail…
Avec la présence de « L’Amour de sa vie » de Nicole, tout le monde ne tient plus dans Mam’zelle Estérel. Madeleine avait donc pris un billet de train. C’est Pierre qui l’utilisera et toute la famille embarque. Julie, qui vient d’avoir son permis, est au volant. Quand deux jours plus tard Pierre, qui a trouvé le moyen de se libérer de son travail, arrive sur les lieux, il a la surprise de sa vie…
Après avoir décrit les vacances de la famille des années 1973, 1969, 1962, Zidrou cesse de remonter dans le passé, de raconter la genèse de la famille et celle de la 4L pour se projeter en 1980, celle où Lio chantait Le banana split, un tube d’été. Avec ces étapes dans la vie de ses personnages, il a raconté les naissances, l’acquisition de la voiture et les escapades toujours riches en aventures vers le Sud, depuis la Belgique.
Ces chroniques d’été sont amusantes et chargées de nostalgie, de remarques, d’allusions douces-amères, mais retracent bien le cheminement que peut vivre un couple. Avec la profession de son héros, une activité bien proche de celle de scénariste, Zidrou met en scène ces retards chroniques de ceux qui doivent respecter un délai strict. Dans ce tome, l’arrivée de l’amour de sa vie de la fille aînée qui vient grossir le groupe, l’abandon du camping génèrent de beaux moments d’émotion.
Jordi Lafebre réalise un graphisme mi-réaliste d’une belle qualité. Il met l’accent sur les personnages et permet de les reconnaître facilement, quelles que soient les émotions exprimées. Si les décors restent secondaires, il ne les néglige pas pour autant, donnant à ceux-ci la dimension nécessaire. La mise en couleurs, réalisée avec Mado Peńa, en teintes douces renforce le côté enjoué, le bonheur et l’insouciance qui se dégagent de l’histoire malgré les mésaventures et les déconvenues.
L’éditeur annonce un cinquième album qui se déroutera en 1979… à Noël !
Les Beaux étés est une série très agréable à suivre, une comédie douce-amère que le scénariste sait mener à son terme même s’il reconnaît que faire des albums joyeux en ces temps difficiles n’est pas aisé.
serge perraud
Zidrou (Scénario), Jordi Lafebre (dessin), Jordi Lafebre et Mado Peńa (couleurs), Les beaux étés, t.4, Le Repos du Guerrier, Dargaud, Juin 2018, 48 p. – 14 €.