Houdini, de son vrai nom Ehrich Weiss, est l’un des plus célèbres escapologistes du XXe siècle. Surnommé Le Roi des menottes, il a fondé sa renommée sur son habilité à se débarrasser en un temps record de tous liens, entraves, chaînes cadenassées, coffres verrouillés… À ses débuts, il allait dans les commissariats pour se faire enfermer.
Parti quatre ans pour une tournée en Europe, qui s’est conclue en triomphe, il revient aux États-Unis. Avec l’argent gagné il décide d’acheter, pour Bess, son épouse, une maison digne de son rang.
C’est ainsi qu’il l’emmène, les yeux bandés pour lui faire la surprise, dans le nouveau quartier bourgeois qui se développe à Harlem, proche de Central Park. Pendant qu’elle prend possession des lieux, avec l’arrière-pensée de fêter cela en amoureux, elle entend pleurer un bébé. Elle affirmera à Houdini : “Je l’ai entendue, je te le jure. Elle m’a appelée.“
C’est le chien de la voisine, qui s’étant introduit dans la courette derrière la maison, met au jour un bras. Houdini, lorsqu’il a dégagé la terre pense d’abord à une poupée tant le corps a une drôle de coloration. C’est Bess qui reconnaît un vrai bébé. Prévenus par la voisine, le sergent Murphy et deux policiers en civil arrivent. Il s’agit de l’inspecteur Petrosino et de son adjoint. Ceux-ci semblent déçus par le bébé. Ils recherchent cinq petites italiennes disparues dans East Harlem. L’affaire va être classée. Bess qui a donné le nom de Louise au petit cadavre qui semble momifié, veut que son mari enquête pour découvrir l’assassin. Or, avec cette momification le crime a pu être réalisé il y a quelques années…
Les bases constitutives de l’intrigue reposent sur la maternité, ses conséquences quand elle n’est pas désirée. C’est d’abord l’infanticide. La romancière cite des chiffres qui semblent effarants. Pour la seule ville de New York, en 1903, sur les 3164 petits corps transportés à la morgue (donc ceux qui ont été retrouvés !), seulement 293 ont été réclamés par des proches. Puis elle utilise les données connues de la physiologie féminine et de la puissance du cerveau quant à l’acceptation ou le refus conscient ou inconscient d’avoir un enfant.
Parallèlement, elle introduit, grâce à une dose de chimie, une recherche dans la ville, dans différents quartiers ouvrant ainsi l’opportunité de les décrire ainsi que les populations qui y vivaient. Avec la colonie italienne, on ne peut éviter une organisation mafieuse qui rançonne les individus ayant un peu de réussite financière. En cas de refus du paiement exigé, cette mafia enlève les enfants.
Parmi les personnages authentiques mis en scène, à part Houdini lui-même et Bess son épouse, il faut citer le plus jeune frère de l’escapologiste, le Docteur Leopold Weiss qui installa le premier cabinet de radiologie privé à New York. Le professer Gustav Scholer qui fut médecin légiste et coroner dans la ville. L’inspecteur Joseph Petrosino est devenu célèbre en fondant une unité spéciale l’Italian Squad qui lutta de façon efficace contre la Mano Nera. En 2010, l’Italie a émis un timbre commémoratif à son effigie pour le 150e anniversaire de sa naissance.
Tous les tours décrits au fil des pages ont été réalisés par Houdini, même les plus improbables.
Ce quatrième roman de la série est aussi passionnant que les précédents pour sa richesse d’intrigue et ses éléments historiques. Une réussite totale pour une série magnifique.
serge perraud
Vivianne Perret, Houdini – Magicien & Détective, tome 4 : La Maison mystère, Le Masque, mars 2018, 288 p.- 18,00 €.