C’est en apprenant à ne plus se surveiller et en osant aller plus à fond de son écriture que Véronique Daine a trouvé sa voix intérieure. Au vers et à la métrique imposée, la poétesse belge préfère le fragment dans lequel — et comme chez Pascal Quignard son modèle — elle crée sa rythmique particulière.
Tout dans son approche poétique tourne autour de l’absence et du manque mais, précise l’auteure, « sans savoir de quoi dit de qui ». Mais c’est sans doute de là que naît la peur. Elle tente de l’extraire dans la langue, même si en elle quelque chose est toujours en disparition mais se retient tout autant.
L’écriture reste le fil tendu au-dessus du vide et sort de la bouche des ombres quand paradoxalement une paix ou une acceptation se fait avec soi-même. Celle d’une temporalité dont la poétesse parvient à s’extraire lorsqu’elle sacrifie à ce qui fut un délit et est devenu un délice : la poésie.
Véronique Daine la pratique dans le flux de sa vie sans pour autant évoquer sa propre existence et pour atteindre une part, sinon de l’universel, du moins du partageable dénominateur commun que tout être possède et que toute langue peut saisir en refusant la pure pratique académique.
jean-paul gavard-perret
Véronique Daine, Extraction de la peur, avec des peintures d’Alain Dulac, Edition L’Herbe qui tremble, 2018.