C’est de ces mots que Guillaume Apollinaire désignait Manguin. Celui-ci resta toujours à la recherche de la paix suave à travers ses nus, ses paysages méditerranéens, ses scènes familiales comme ses natures mortes. Dans ce but, l’élève de Gustave Moreau quitta bien vite le symbolisme pour l’impressionnisme.
La volupté de la couleur reprend quasiment en centaine d’œuvres de celui qui fut l’ami de Matisse et qui a toujours prouvé dans ses œuvres d’une harmonie chromatique audacieuse. Elle le rapprocha un temps du fauvisme.
L’artiste prit l’art de son époque à bras-le-corps pour intégrer sa création selon un développement continu. A sa manière, il intégra une donnée essentielle : tout artiste digne de ce nom reste un éclaireur, un défricheur de nouveaux espaces tout en ne cherchant jamais les aventures douteuses. Il préféra approfondir son sillon dans un souci de la perfection. Ce qui le fit oublier (partiellement), certains ne le trouvant pas suffisamment audacieux.
Son registre des couleurs et de l’harmonie font pourtant de lui un peintre d’exception. Et ce, non en un débaroulé des formes, mais en leur remontée. Ainsi que par la lutte du continu sur le discontinu.
Un éros doux serpente dans l’œuvre où les couleurs dansent subtilement par des façonnages qui distillent des métaphores de la féminité et de la vie. C’est aller au retournement de l’espace et du temps en un cérémonial étrange.
Tout le reste de la peinture se déduit de là. Cela fut oublié. Peu à peu, un retour a lieu.
jean-paul gavard-perret
Manguin, La volupté de la couleur, Édition publiée sous la direction de Marina-Ferretti Bocquillon, Gallimard, coll. Livres d’Art, Paris et Musée des impressionnismes Giverny, 2018