Ambiance mystico-futuriste garantie, avec un zest de Liz Taylor !
Le scénario que nous offrent, avec ce premier essai, Nicolas Tackian et Stéphane Miquel, est plutôt touffu et il paraîtra peut-être rébarbatif au lecteur. C’est que la galaxie d’Itrh est un univers lui-même complexe qu’il importe aux auteurs, dans le tome 1 de la trilogie, de mettre en place en 48 pages. Tout commence ainsi sur Malakia, une des sept planètes du système solaire d’Irth, ville dédiée aux plaisirs et à la licence sexuelle où une délégation du commandeur Braso (despote dirigeant d’une main de fer les planètes) est exécutée par un trio féminin… de charme et de choc. Le régent Faabi doit intervenir pour retrouver les membres du groupe révolutionnaire ayant commis cet assassinat et qui ne peut appartenir qu’à la ville mythique, rebelle et introuvable, d’Edaleth. Au sein du commando se trouve la belle Ama (ressemblant comme deux gouttes d’eau à Liz Taylor), qui va tout tenter pour rejoindre Edaleth. Encore s’agit-il de savoir si l’opération n’est pas un piège et Ama une taupe high tech…
Entre manipulations et trahisons, violences et délabrement mondains, pseudo puritanisme et retournement d’alliances, Les Insurgés d’Edaleth propose une histoire dense, que le format en 48 pages rend parfois absconse. En même temps il y a là incontestablement un récit haut en couleur et constitué de diverses strates hiérarchiques auxquelles il faut bien accéder d’une manière ou d’une autre. Pour une fois qu’un album d’installation est plus qu’un album d’installation, on ne va pas bouder son plaisir. Reste que Les Insurgés d’Edaleth est souvent proche du dédale, tant interprétatif que visuel, et que cela pourra décourager. Un parti pris de complexité que semble renforcer le dessin de cette première BD, produit à 100 % sur ordinateur où Alain Brion jongle entre les logiciels Bryce, Amapi et Photoshop, produisant un rendu qui vaut pourtant le détour. La dimension ultraréaliste des personnages, leurs postures assez figées dans l’ensemble participent en effet du hiératisme qui sied à l’ambiance mystico-futuriste de la série. Un beau travail sur les couleurs achève de séduire le curieux : Edaleth nous réserve encore de bonnes surprises, c’est sûr.
frederic grolleau
Nicolas Tackian, Stéphane Miquel (scénario) et Alain Brion (dessin, couleur), Les insurgés d’Edaleth, tome 1 : “Cantiques”, Soleil, collection Mondes Futurs, 2004, 48 p. — 12,50 €. |
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